Février 2016 /251

Super manioc

Un manioc enrichi en vitamine B6

ManiocLe manioc, qui constitue une denrée de base pour plus de 500 millions de personnes dans le monde, n’est pas une plante naturellement riche en nutriments. Une équipe internationale de chercheurs a mis au point un moyen d’augmenter la production de vitamine B6 dans les racines et les feuilles de la plante, ce qui pourrait pallier certaines carences. Cette recherche a fait l’objet d’une publication dan la revue Nature Biotechnology.

Cultivé dans les régions tropicales et subtropicales du globe, le manioc constitue un élément de base de l’alimentation de centaines de millions de personnes, notamment en Afrique et en Asie. Si la plante est connue pour sa robustesse face à la sécheresse et joue un rôle important en termes de sécurité alimentaire, elle ne présente pas pour autant un profil nutritif des plus remarquables. Une collaboration de recherche internationale, dirigée par Hervé Vanderschuren, professeur au laboratoire de génétique végétale de Gembloux Agro-Bio Tech, a mis au point une modification qui permet d’augmenter jusqu’à 15 fois la production de vitamine B6 par la plante. Cette nouvelle variété a été testée non seulement en laboratoire mais également en champs. Les cultures effectuées en pleine terre ont permis d’établir que les propriétés acquises étaient stables. Il a été confirmé dans des études de biodisponibilité que ces plantes possèdent une quantité supérieure de vitamine B6 biodisponible pour l’homme.

COMMERCIALISATION

Quand et comment cette nouvelle variété de manioc sera-t-elle mise à disposition des agriculteurs ? « Il faut savoir que le manioc – parce que sa multiplication se fait principalement par voie végétative (comme la pomme de terre par exemple) – n’est pas très intéressant en terme d’investissements de recherche pour les industriels, contrairement aux cultures de blé ou de maïs pour lesquelles les agriculteurs achètent régulièrement des semences, explique Hervé Vanderschuren. Une fois la plante améliorée produite, elle est distribuée aux agriculteurs qui peuvent la multiplier indéfiniment sans devoir revenir vers le producteur. » Il n’est actuellement pas prévu de lancer une production à grande échelle de cette nouvelle variété de manioc, mais cela ne veut pas dire pour autant que la technologie restera dans le tiroirs des laboratoires européens. « Nous souhaitons jouer notre rôle d’institution publique en mettant cette technologie à la disposition des agriculteurs, souligne Hervé Vanderschuren. Nous organisons régulièrement des ateliers en Afrique afin de former des jeunes chercheurs pour qu’à leur tour, ils puissent utiliser et transmettre la technologie localement. » La décision revient après aux populations locales de juger de l’intérêt ou non d’exploiter cette technologie.

SECURITE ALIMENTAIRE

La recherche ne s’arrête pas là. Le laboratoire de génétique végétale travaille également à l’amélioration des caractéristiques de la plante. Si elle peut être cultivée durant un laps de temps très large, la plante une fois récoltée doit être vite transformée (endéans 48 à 72 heures) sinon ses racines pourrissent. Il serait intéressant de pouvoir allonger un peu cette période. « Nous travaillons également sur les maladies du manioc, notamment la striure brune, une maladie qui fait déjà des ravages sur le continent africain et qui doit rapidement être enrayée afin d’éviter un risque de insécurité alimentaire en Afrique sub-Saharienne. » C’est à cette tâche que vont maintenant s’atteler les chercheurs gembloutois.

article complet sur www.refelexions.ulg.ac.be
(Vivant/agronomie)

Julie Louis
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