Mars 2016 /252

Au service des seniors

Une formation en adéquation avec la demande

« Nos étudiants sont très méritants et ont beaucoup de volonté », sourit Claire Lepère, biologiste et coordinatrice pédagogique à la faculté de Médecine, qui connaît les efforts nécessaires pour achever un master en sciences de la santé publique (avec une finalité spécialisée en gestion des institutions de soins). Le cursus vient d’obtenir un nouvel agrément (pour cinq ans) délivré par la Région wallonne. Le département peut donc continuer à former des directeurs de maison de repos. « En 2010, la législation sur les maisons de repos a été renforcée, indique le Pr Michèle Guillaume. Nous avons donc adapté notre programme de cours pour qu’il soit en phase avec la réalité du terrain. »

AinesQuelle réalité ? Celle d’un secteur médical riche de plus de 630 établissements de soins dédiés aux personnes âgées. Celle d’une population belge vieillissante, surtout. « L’impression que nos aînés sont laissés pour compte est fausse, car le soutien à domicile fonctionne assez bien et mériterait davantage d’investissements », nuance le Dr Daniel Gillain, chargé de cours adjoint au département des sciences de la santé publique. Conséquence chiffrée : aujourd’hui, la moyenne d’âge d’entrée dans un établissement de soins est de 80 ans. Et selon les perspectives du Bureau du plan, en 2050, un Belge sur trois atteindra 80 printemps.

LE DÉFI DE LA MÉDICALISATION ACCRUE

La démographie n’est pas l’unique facteur de croissance du secteur, parce que les besoins de cette catégorie de patients sont spécifiques. Aujourd’hui, la législation wallonne se concentre sur le concept d’établissements d’hébergement et d’accueil des personnes âgées ; s’en distinguent ensuite les maisons de repos, les maisons de repos et de soins (MRS), les résidences services et les résidences familiales.

En filigrane se trouve le distinguo entre des besoins liés à l’état de santé et ceux consécutifs à la dépendance d’une personne âgée. « Le nouvel agrément correspond à un renforcement du cursus. Le nombre de matières et d’heures dispensées a augmenté », explique Claire Lepère. Au terme de leur formation, les étudiants diplômés seront capables de maîtriser le financement Inami et le financement des infrastructures, de gérer les aspects administratifs, comptables et financiers de ce type d’établissement, de gérer, coordonner et motiver le personnel d’une institution et de mettre en place un programme de qualité qui tienne compte de l’aspect médical et psychologique du résident.

« Un arrêté du gouvernement wallon fixe les thématiques de cette formation (législation, financement, comptabilité, gestion des ressources humaines, programme qualité, stages et visites didactiques), reprend le Pr Guillaume. La tâche de fondre cette formation spécifique dans le master ne fut pas chose aisée, car le but est aussi de permettre aux étudiants de poursuivre un mi-temps professionnel. » C’est que parmi la centaine d’étudiants inscrits dans cette finalité spécialisée, un grand nombre sont infirmiers. Si le master permet une évolution de leur carrière, le certificat de directeur de maison de repos ajoute une corde à leur arc, d’autant que la croissance du secteur est réelle et que la législation est complexe.

LA LÉGISLATION IMPOSE, LES DIRECTEURS DISPOSENT

Aux directeurs, ensuite, d’appliquer au mieux leur savoir à la réalité quotidienne. Selon le Dr Gillain, le responsable de l’institution est le garant de l’équilibre entre le respect des normes et celui de la personne. Ce qui constitue un véritable défi : « Il y a d’une part les lits de repos, d’autre part les lits de soins. Les premiers sont de moins en moins nombreux, les seconds se multiplient. Or les soins sont plus complexes et suivent la courbe de l’augmentation du niveau de vie, l’essor des pathologies chroniques et des démences. Les maisons de repos commencent à ressembler à de petites unités de soins gériatriques. » De petits hôpitaux sans médecins, en somme.

« Aujourd’hui, on tente de trouver des liaisons fonctionnelles », ajoute le responsable du cours sur la législation en vigueur. Autrement dit, des liens entre les institutions et le corps médical. Avec un paradoxe : les lits de longue durée des hôpitaux ont été progressivement supprimés dans les années 1970 et 1980, « alors que nous connaissons à présent le problème inverse : comment soigner des personnes dans de petites institutions ? ».

Bien sûr, toutes les structures ne sont pas confrontées de la même façon au problème. Les petits établissements peuvent, a priori, pâtir davantage d’une législation contraignante. « Le législateur peut éviter cela par le biais d’une charte de qualité, d’un label, voire d’un benchmarking entre les établissements, évoque Daniel Gillain. C’est une question de volonté, d’organisation et de gestion que de vouloir préserver la qualité de vie des aînés. »


* www.dssp-ulg.be

LepereClaireSi vous deviez citer trois découvertes scientifiques :


  1. La vaccination en 1885 grâce à Louis Pasteur : en matière de santé publique, la vaccination a permis d’augmenter l’espérance de vie dans de bonnes conditions.

  2. La découverte de l’ADN en 1953 : c’est la vie, les briques qui nous composent et pourraient nous aider à nous soigner.

  3. La maîtrise de l’électricité en 1790.
Jean-Baptiste Marchal
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