Mars 2016 /252
Les vaches au régimeRéduire les émissions de méthane des bovins, via le choix des aliments
Pour limiter cet impact, on peut privilégier telle race plutôt qu’une autre. Mais on peut, aussi, choisir l’alimentation avec plus de discernement. Dans les pays industrialisés, il est en effet rarissime que les vaches se contentent de brouter de l’herbe en prairie, particulièrement à la mauvaise saison. Elles sont généralement nourries via des compléments alimentaires, où les tourteaux (des sous-produits de diverses industries agroalimentaires riches en protéines et en énergie) se taillent la part du lion. En jouant par exemple sur la nature et la proportion de graisses ou de fibres dans ces tourteaux, on parvient à pousser la vache à produire davantage de viande ou de lait. Le tout est de s’assurer que ces compléments ne nuisent ni à la santé de l’animal à long terme, ni à l’environnement. Tout un art, assurément... Qui, pour passer de l’expérimentation en laboratoire à l’application in situ à vaste échelle, exige un long processus de démonstration et de dissémination. UN “LIFE” NOUVELLE MOUTURE
Photo : Isabelle Dufrasne et Françoise Lessire Life-Dairyclim a débuté en octobre dernier. Concrètement, quatre types de rations alimentaires sont actuellement mis au point dans la ferme expérimentale de l’ULg (Care Fepex), située au Sart-Tilman. Pour chacune des formules alimentaires retenues, il s’agit de tester la production de CH4 par l’animal, mais aussi la qualité et la composition de son lait. « Un appareillage spécifique, installé directement dans l’auge du robot de traite, permet de mesurer la quantité de méthane émise par l’animal toutes les trois secondes, souligne Françoise Lessire, assistante à la faculté de Médecine vétérinaire. Sachant que la vache est traite trois fois par jour, à raison de cinq à six minutes par opération, nous allons devoir interpréter une grande quantité de données. » L’université d’Aarhus s’attellera, avec l’aide du Pr Nicolay (département de mathématiques de l’ULg), à quantifier l’ensemble des intrants de la ferme dans une perspective à la fois environnementale et économique, centrée sur l’analyse des cycles de vie. Avec comme objectif de réduire l’empreinte carbone de l’exploitation. Il s’agit, notamment, de privilégier les compléments alimentaires produits localement (tourteaux de colza, par exemple) plutôt que ceux provenant de régions plus lointaines (tourteaux de soja, etc.). BONNES PRATIQUESÀ partir de juin 2017, les meilleures rations mises au point dans la ferme expérimentale liégeoise entreront en pratique dans dix fermes pilotes en Belgique, au Grand-Duché de Luxembourg et au Danemark. Les résultats de ces expérimentations compléteront les données récoltées, ces derniers mois, via un questionnaire rempli par près de 900 éleveurs belges. « En 30 ans, les habitudes et les connaissances en matière d’alimentation et de pâturage se sont érodées parmi les éleveurs, notamment à cause des pressions visant à augmenter la taille des troupeaux, observe Isabelle Dufrasne. On a, certes, l’impression générale que les animaux restent de plus en plus longtemps à l’étable, et de moins en moins en pâture... Mais cela se vérifie-t-il dans la réalité ? » À terme, Life-Dairyclim devrait accoucher d’un manuel de bonnes pratiques et d’un site internet, à l’intention des professionnels de l’élevage.
Philippe Lamotte
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