Avril 2016 /253
Etouffer le bruit : l’importance de l’acoustique dans le milieu scolaireLe Cedia réalise des tests d’isolement sonore
Quoi de plus normal que des cris d’enfants dans une cour d’école ? Que des coups de sifflet dans un gymnase ? Que des murmures dans une bibliothèque ? Entre brouhaha et silence, ces différents lieux de vie scolaire doivent cohabiter harmonieusement. C’est la raison d’être d’une norme “bruit” prise en 2012, s’appliquant aux bâtiments scolaires. Il apparaît cependant qu’elle est très peu appliquée. La Cellule d’études et de développement en ingénierie acoustique (Cedia) veut en rappeler l’importance et, dans le cadre des activités de l’Association belge des acousticiens (Abav), elle organise un colloque sur ce thème, le 27 avril prochain.
BONNES PRATIQUES
« Peu connue en région wallonne, cette directive n’est pas respectée, ce qui génère souvent des regrets », notent de concert les deux acousticiens. En effet, c’est lorsque le ruban inaugural est coupé que l’on se rend compte des désagréments causés par le bruit de la chaudière qui jouxte la salle des professeurs… C’est d’autant plus regrettable que la norme n’est pas contraignante. « Même si, pour certains juristes, la bonne pratique a force de loi », poursuit Fabienne Duthoit. D’où l’intérêt de faire appel dès le début à un bureau d’étude spécialisé en acoustique, lequel orientera l’architecte tout au long de son projet et le guidera dans la disposition des locaux, de quoi éviter un coût disproportionné pour isoler un local très bruyant d’un local très sensible. SENSIBILISATIONPour sensibiliser les architectes, les bureaux d’étude, les entrepreneurs ou les services techniques, le Cedia collabore activement à un “School Acoustics Day” organisé par l’Abav sur le sujet des bâtiments scolaires. « Notre objectif est double : d’une part, rappeler l’importance de l’acoustique sur la santé des élèves et des enseignants, et, d’autre part, présenter et faire découvrir différents produits acoustiques. » De nombreux exemples viendront illustrer les bonnes pratiques. Bruxelles Environnement présentera un vade-mecum rédigé en 2014 qui avance diverses recommandations pour réduire le bruit dans les écoles, tandis qu’un architecte expliquera comment il est parvenu – en partenariat avec le Cedia – à inclure la norme lors de la conception d’un bâtiment scolaire tout en gardant le cap budgétaire des 1100 euros/m². « Notre intention est bien d’être constructif, sans effrayer les architectes, notamment en termes de surcoût », conclut Fabienne Duthoit.
CEDIA
Cedia est actif dans plusieurs secteurs, dont le bâtiment, l’industrie et la protection de l’environnement. En matière d’acoustique architecturale, ses interventions vont de la collaboration aux premières esquisses de l’architecte jusqu’aux mesures de réception finale, en passant, et c’est là le fait important à signaler, par le suivi d’exécution sur chantier. Les ingénieurs ont donc non seulement une excellente connaissance théorique du domaine, mais surtout une indéniable expérience pratique. La recherche appliquée permet au Cedia de maintenir un haut niveau de veille technologique. Actuellement, plusieurs ingénieurs travaillent sur des programmes de recherche, notamment en ce qui concerne la construction en bois et le traitement de signal (absorption acoustique active). Dans le domaine plus spécifique de l’acoustique des salles de spectacles, le Cedia a développé un ensemble de techniques de mesures et de simulations numériques permettant, lors de la conception ou de la transformation, de traduire les exigences des auditeurs quant à leur qualité : forme de salle, utilisation de matériaux spéciaux, choix de sièges, etc. « Nous fournissons diverses prestations pour la RTBF, les salles du Cadran à Liège, la “StudentStation” située à la gare Jonfosse à Liège, des hôtels (Bruxelles, Dinant), des écoles (Schaerbeek, Court-Saint-Etienne, Rèves), la salle du conseil de la province du Brabant wallon, etc., énumère Fabienne Duthoit, mais nous collaborons aussi avec d’autres bureaux d’étude, comme Arcadis, Greisch ou Pissart, ou pour le compte de la Société wallonne des aéroports, dans le cadre des insonorisations d’habitations à proximité des aéroports de Liège et Charleroi, tout en dispensant des cours sur l’acoustique dans les filières de sciences de l’ingénieur. » Le Cedia dispose, par ailleurs, d’installations de laboratoire remarquables pour réaliser des tests de qualification de produits. Des tests d’isolement au bruit aérien de parois ou de planchers, d’isolement au bruit de choc ou encore d’absorption acoustique peuvent être effectués dans ces chambres de mesure. L'avis du psychologue
Le 15e jour du mois : Le bruit est-il un problème de santé publique ? Benoît Dardenne : Cela ne fait aucun doute. Le bruit est une pollution réelle, de plus en plus intense à cause de l’augmentation de la population urbaine, du trafic, de l’activité économique. Dès lors, on peut considérer qu’il relève de la santé publique, comme le tabac ou l’alcool. Le 15e jour : Comment mesurer les souffrances psychologiques liées au bruit ? B.D. : Il est indéniable que des niveaux variables de bruit produisent des effets sur la concentration ou la mémoire. Des études, corrélationnelles, indiquent également que le fonctionnement de l’individu peut être affecté par des expositions importantes au bruit.Voici deux décennies environ, à Munich, une étude sur des enfants exposés au bruit des avions a démontré qu’ils présentaient une élévation du taux des hormones liées au stress. D’autres études ont montré une augmentation de la pression artérielle. Ces observations confirment l’impact non négligeable du bruit sur le système cardiovasculaire dans son ensemble. Chez les enfants, cette augmentation des taux hormonaux est accompagnée par une détérioration des capacités cognitives de mémorisation et de réalisation de tâches complexes. Le 15e jour : Quels pourraient être les remèdes, notamment dans le milieu scolaire ? B.D. : Tout d’abord, il faut apprécier le bruit : symphonie pour l’un et cacophonique pour l’autre... Cela dit, les acousticiens peuvent travailler sur une série de variables qui annihilent la quantité de bruit ou, à tout le moins, la diminuent. Mettre en place des dispositifs techniques pour amoindrir le bruit extérieur est une nécessité. La lutte contre le bruit peut participer du bien-être au travail ou faire l’objet de mesures plus locales comme lors de l’extension de l’aéroport de Liège avec son lot d’expropriations et d’isolations sonores des immeubles. Gardons néanmoins à l’esprit le souci des autorités de maintenir et garantir un équilibre entre activité économique et bien-être collectif.
Pages réalisées par Pierre Demoitié
Illustration : Catherine Woyaffe - 3e pub - ACA-Sup Liège
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