Mai 2016 /254

Le potager des vétés

De la parole au geste

Pour elles, Demain, c’est déjà aujourd’hui. L’élément déclencheur aura été le film de Mélanie Laurent et Cyril Dion montrant que la meilleure façon de résoudre les crises écologiques, économiques et sociales que traversent nos pays passait par des initiatives personnelles. Chambardées par ce documentaire (qui a vite dépassé les 100 000 entrées en Belgique), une dizaine d’étudiantes – et quelques étudiants – de la faculté de Médecine vétérinaire ont décidé de passer à l’action il y a deux mois en faisant revivre un potager en bordure de la ferme pédagogique et expérimentale du Sart-Tilman. Non pas avec l’ambition de nourrir la planète à l’aide de ce lopin de terre cultivé, mais plutôt avec l’objectif de dessiller un maximum de leurs copains de campus. « Sensibiliser plus que produire », lâche Manon Ménard, l’un des piliers du groupe de dix. Cette Française, étudiante en 2e master de médecine vétérinaire, comme la majorité des autres, n’est pas issue du monde rural : « C’est davantage une expérience pour montrer que chacun peut faire un geste chez lui. Il s’agit à la fois d’un retour à la terre et d’une façon de réunir le plus de gens possible autour d’un même projet. Et renforcer les liens sociaux. »

PotagerVetesSur le groupe Facebook “Le potager des vétés”, l’initiative fait un peu figure d’épiphénomène. Pourtant, la quarantaine d’inscrits (dont peu de garçons) autour de ce bout de terrain d’une cinquantaine de mètres carrés ont les mêmes idées qui bourgeonnent. Marine, qui soutient le concept mais n’a pas encore trouvé le temps de s’y investir, résume : « C’est important de savoir ce que l’on mange. L’une des idées à long terme est d’utiliser les produits du jardin au restaurant universitaire. Sinon, ce qui me motive, c’est d’aller aider, de participer, d’être à plusieurs sur ce projet, d’échanger des astuces, d’apprendre aussi comment on cultive des légumes. C’est tout bête, mais je ne sais pas quand planter quoi… »

Sur le terrain, planté de framboisiers et de cassis, on parle piquets, clôtures, et chacune y va de son commentaire sur ce qu’il fallait faire pour éviter tel problème ou à propos de la pelle que quelqu’un a laissé traîner. Ici, chacun est le bienvenu, quelle que soit la Faculté dont il est issu. Dans quelques mois, tout le monde espère y voir pousser fraises, ail, petits pois, carottes, radis, ciboulette, roquette, épinards, oignons, salade, poirée… « Mais au début, on aura surtout des courges et des courgettes », relativise Julie. Les sept jours de la semaine, de petits sondages lancés sur le groupe Facebook permettent d’improviser un planning pour l’arrosage quotidien. Et le week-end, les plus motivés se donnent rendez-vous pour les tranchées, semis et autres arrachages. Qu’en sera-t-il en été ? « Il y aura bien l’une ou l’autre en seconde session ! Et puis on a des stages », rappelle l’une des maraîchères en herbe.

« Mais pour le moment, rien ne pousse encore », tempère Pénélope. Les légumes ne sont donc pas près d’être vendus à l’encan sur le campus et, en attendant les bénéfices très virtuels, un petit subside de 1000 euros a été octroyé aux étudiants par le service qualité de vie étudiante pour acheter terreau, brouettes, pelles, râteaux, serfouetttes et autres instruments. Si la production suit, une grande “bouffe” sera prévue chaque année, pour autant que l’initiative perdure selon les souhaits de ses initiatrices.


F.T.
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