Mai 2016 /254
Merci Patron !
Un documentaire de François Ruffin Précédé d’une aura incroyable (plus de 300 000 entrées en France, moteur de l’action Nuit debout), Merci Patron ! est un documentaire comme on aimerait en voir plus souvent : engagé pour ne pas dire militant, frondeur, non dénué d’humour. C’est un pavé social dans la mare capitaliste de plus en plus exaspérante depuis quelques années. Reprenons : fondateur du journal Fakir (une presse alternative se définissant comme “Fâché avec tout le monde. Ou presque”), François Ruffin endosse le rôle de chevalier blanc partant, tel un Michael Moore, combattre un système infernal qui broie les petits gens au profit de quelques portefeuilles. Comme pour le réalisateur américain, l’humour sera son arme de prédilection. Et comme lui, l’ego du réalisateur amènera quelques petits défauts, quelques séquences un peu critiquables davantage sur la forme que sur le fond. Mais peut-on réellement critiquer ce documentaire ? Financé de manière participative, Merci Patron ! est surtout une œuvre syndicaliste comme le cinéma français n’en a plus produit depuis des décennies (citons, notamment, le Groupe Medvedkine dans les années 60-70). François Ruffin rappelle que le cinéma peut, aussi, montrer la réalité de notre monde, de ceux qui le composent. Révoltant, le film l’est à plus d’un titre, tant il soulève de nombreux points de rupture entre deux classes sociales – car la lutte des classes n’est pas finie, non. L’intelligence de Ruffin est de ne jamais perdre espoir et, surtout, de partager cette confiance avec le spectateur. Alternant les séquences dramatiquement cocasses, parfois tragiquement absurdes, le film se termine sur une surprise totale, lueur d’espoir dans le paysage gris de la crise économique, des évasions fiscales et du taux de plus en plus élevé de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Merci Patron ! est un film salutaire, car il constitue un geste inspirant pour toute une génération en quête d’un autre système économique – un système plus juste, plus égalitaire – peut-être pas si utopiste que ça à la fin du film.
Bastien Martin
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