Mai 2016 /254

Une trajectoire étonnante

Joëlle Vanblaere, assistante sociale et licenciée en criminologie, est aujourd’hui directrice de cabinet du chef de corps de la police de Liège.

Bras droit du chef de corps de la police de Liège – son titre officiel est “directrice de cabinet” – , Joëlle Vanblaere est encore étonnée d’avoir fait carrière dans les forces de l’ordre. « Mes études d’assistante sociale à l’Institut provincial d’enseignement supérieur social (1984) ne m’y préparaient pas vraiment, sourit-elle. C’est plutôt lors de ma licence en criminologie à l’ULg (1987) que j’ai un peu approché ce secteur. » Sans plus à l’époque.

VanblaereJoelleSi ses débuts furent un peu convenus – Joëlle Vanblaere est engagée comme animatrice d’une maison de jeunes à Sclessin –, sa trajectoire professionnelle prend rapidement un tour inattendu : elle accepte un poste au Club Med ! Pendant deux ans, au Caire, à Corfou et à Korba (Tunisie), elle est “accompagnatrice de circuits”, concrétisant les séjours des clients de la célèbre agence de voyages. Amoureuse de l’Égypte, elle quitte le Club Med pour poser ses valises au Caire. La guerre du Golfe lui fera reprendre la route : Djerba, Lanzarote et, à nouveau, des circuits au Sri Lanka pour deux nouvelles années.

AIDE AUX VICTIMES

Rentrée à Liège, Joëlle Vanblaere sort ses diplômes de l’armoire et postule à différents emplois. En 1993, elle décroche un travail, dans le cadre des “Contrats de sécurité” proposés aux travailleurs sociaux dans les cinq grandes villes belges. Celle de Liège lui suggère d’entrer à la police. « Je ne m’y attendais pas du tout, mais l’objectif de créer un “Bureau d’aide aux victimes” m’a immédiatement intéressée. »

Joëlle plonge dans la problématique et fait alors un double constat : « Je me rends compte assez vite que la plupart des agents sont démunis face aux personnes en état de choc et, par ailleurs, il n’est pas rare que des victimes me parlent avant tout des maladresses de l’intervention policière. » Elle décide alors d’axer une grande partie du travail sur la sensibilisation et la formation du personnel. « En effet, se souvient-elle, dans la formation policière, les personnes lésées – lors d’un cambriolage, d’un vol, voire d’un viol – étaient avant tout considérées comme témoins dans l’enquête : elles n’avaient pas de statut spécifique. Les policiers ne savaient rien du stress post-traumatique et des services de prise en charge. »

Dans ce cadre, elle organise encore des rencontres avec les associations d’aide aux victimes situées à Liège (Aide sociale aux justiciables, Collectif des femmes battues, etc.). « En 1995, la circulaire “service d’assistance policière aux victimes” conforte notre dynamique et nous poursuivons en créant un dispositif d’aide “après la crise”. » Dix ans après son engagement, en 2003, Joëlle Vanblaere lance à Liège la campagne du “ruban blanc” (“les hommes disent non à la violence faite aux femmes”), opération qui sera ensuite étendue à la Ville, au CHR, au réseau des TEC, à la Province, etc.

2005 marque un nouveau tournant dans sa carrière : elle suit son directeur Alain De Paepe et devient responsable de la cellule d’audit et de communication interne. Elle crée de nouveaux outils tels qu’une brochure d’accueil pour les jeunes recrues, un répertoire téléphonique aussi. Elle travaille un peu avec l’ULg dans le cadre de la description du processus Intervention. Un peu plus tôt (2001), le bourgmestre l’avait chargée de mettre en place et d’animer une Commission communale consultative “Femmes et Ville”, espace de concertation permanent entre la Ville et les associations actives dans la promotion de l’égalité femme-homme.

TRANSVERSALITÉ

Dernière promotion en date : en 2007, le chef de corps de la police de Liège, Christian Beaupère, lui demande de rejoindre son Collège de direction. Elle est nommée directrice de cabinet. « Notre chef de corps adopte un fonctionnement collégial, ce qui permet à chacun de positionner ses actions et sollicitations dans une vision transversale de l’organisation. Moi-même, j’occupe une fonction assez transversale, ce qui me plaît beaucoup. Je peux ainsi tantôt diriger un groupe de travail sur le port de l’armement, tantôt répondre à des interpellations communales ou établir un rapport de synthèse sur une problématique, etc. »

Elle est également responsable du fonctionnement de son secrétariat, du service de la communication externe (dont les relations avec la presse) et du service “manifestations et spectacles”. Un poste important… surtout lorsque le territoire est placé en “niveau d’alerte 3”. « Les patrouilles de police doivent assurer une vigilance accrue au quotidien dans tous les lieux fréquentés (la gare, les centres commerciaux, les écoles), sans oublier les rassemblements ponctuels comme les manifestations et les concerts. Actuellement, nous avons un surcroît de travail considérable, difficile à mener sur le long terme car nous manquons d’effectifs. Heureusement, nous bénéficions du soutien de l’armée pour satisfaire à toutes les missions de sécurisation. »

Cette présence policière dans l’espace public ne plaît peut-être pas à tout le monde, mais une chose est certaine, poursuit Joëlle Vanblaere, « depuis le déclenchement du “niveau 3”, le nombre de plaintes pour cambriolages et vols dans les voitures a notablement baissé »…


Quelques chiffres

La police de Liège compte quelque 1055 policiers et 150 civils.
Elle reçoit près de 2000 appels par semaine qui donnent lieu à 1000 interventions environ, soit 139 par jour. Ces interventions concernent des problèmes très divers : différends entre voisins, tapages nocturnes, dégradations de l’espace public, vols, cambriolages, accidents de roulage, violences, etc.
La police liégeoise dresse près de 38 000 procès verbaux par an (hors roulage).
Les deux antennes situées rue Natalis d’une part et rue de la Régence d’autre part sont ouvertes 24h sur 24 et 7 jours sur 7.
Numéro d’urgence en Europe : 101.

 

Patricia Janssens
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