Mai 2016 /254

Dérivations

Entre 4 yeux : Maud Leloutre et le PrJean Englebert sur la ville de Liège et sa périphérie.

Relier des pôles en apparence opposés mais en étroite interaction : telle est l’intention qui anime la jeune revue Dérivations*.
Pour son 2e numéro, elle a choisi de se centrer sur la ville de Liège et sa périphérie en consacrant une large place à l’université de Liège. Plusieurs contributeurs sont membres de notre Alma mater, l’occasion pour Le 15e jour du mois de donner la parole à deux d’entre eux : Maud Leloutre, responsable de la cellule énergie et environnement à l’administration des ressources immobilières (ARI), et Jean Englebert , professeur émérite, qui fut l’architecte du domaine du Sart-Tilman dans les années 70.

Le 15e jour du mois : Le système de chauffage au Sart-Tilman, dites-vous, autorise tous les projets urbanistiques dans le domaine…

LeloutreMaudMaud Leloutre : Effectivement. Ce réseau de chaleur, pensé et conçu dans les années 60, est un “petit bijou” si l’on peut ainsi qualifier la chaufferie de Claude Strebelle et les 22 km de tuyauterie parcourant le sous-sol des installations universitaires.
Extrêmement diffus, le réseau est aussi bâti sur trois axes majeurs, l’un pour la zone nord (vers les amphithéâtres de l’Europe) et les deux autres vers la zone sud (le CHU). Sa fiabilité est maximale : les canalisations en acier sont isolées et circulent dans des caniveaux en béton, ce qui rend l’ensemble particulièrement pérenne et sa maintenance aisée. Enfin, une série de doublons en cascade assure la fourniture du chauffage en toute saison, ce qui est essentiel pour l’hôpital. L’installation est extrêmement efficace : aucun incident majeur n’a été relevé depuis 50 ans et elle a bien supporté l’ajout progressif des différentes constructions.

Le 15e jour : La chaufferie n’a-t-elle pas subi quelques transformations ?

M.L. : D’abord alimentée par du fuel lourd, la chaufferie a pu être adaptée à d’autres types d’énergie, suivant l’évolution des prix. Un premier ajustement l’a rendu hybride (gaz naturel et fuel lourd), et, depuis 2012, une cogénération permet d’utiliser des pellets de bois. Notons que le recours au fuel léger est toujours possible, ce qui apporte encore une sécurité supplémentaire. Aujourd’hui, nous tentons de diminuer de quelques degrés la température initiale d’eau chaude dans le réseau (120°) afin de réaliser des économies.

Le 15e jour : La place du 20-Août bénéficie-t-elle d’un circuit identique ?

M.L. : Elle possède un système aussi performant. À partir de la chaufferie du quai Roosevelt (gaz naturel), un circuit d’eau chaude parcourt tous les bâtiments situés place du 20-Août et place Cockerill. Cependant, nous réfléchissons à d’autres pistes : récupérer la chaleur des eaux usées (soit celle des égouts) ou celles des eaux de la Meuse (cela se fait déjà au Val-Benoît), par exemple.

Le 15e jour du mois : En 1985, vous succédez à l’architecte Claude Strebelle pour poursuivre la mission d’urbaniste-coordonnateur. Avec quelles priorités ?

EnglebertJeanJean Englebert : Si la tâche était d’envergure, les ressources financières l’étaient nettement moins ! Mon ambition fut dès lors de respecter le “testament” de Claude Strebelle (qui prévoyait de nouvelles constructions) avec un budget parcimonieux. C’est ainsi que j’ai proposé d’agrandir les locaux du Service général d’informatique (Segi) grâce à des volumes préfabriqués. Huit volumes ont été fournis par la firme Degotte des Hauts-Sarts, lesquels ont été annexés au bâtiment d’origine et coiffés d’une toiture à deux versants. Cette réalisation a montré que l’on pouvait construire dans des délais d’exécution très courts et à un coût moindre (je vois d’ailleurs avec satisfaction que cette méthode a le vent en poupe depuis quelques années chez les designers).
Dans le même esprit, René Greisch a conçu le “Trifacultaire”. Toutes les cloisons intérieures sont démontables et amovibles, garantissant ainsi une adaptation aisée à toutes les évolutions postérieures envisageables. Du point de vue de son coût et de son entretien, c’est certainement l’un des bâtiments les plus aboutis du domaine.

Le 15e jour : La conservation du domaine était une autre exigence…

J.E. : Quand l’ULg a investi le Sart-Tilman, elle voulait rassembler les implantations universitaires tout en protégeant la colline boisée. Claude Strebelle a d’ailleurs remarquablement tracé la route qui traverse les bois de manière à situer chaque bâtiment. Avec ma collaboratrice Christine Bellière, nous avions imaginé une piste cyclable de 18 km à travers la forêt afin de favoriser une mobilité douce entre les Facultés. 8 km ont été réalisés et je vois avec plaisir qu’un chemin piétonnier relie aujourd’hui la faculté de Psychologie à celle des Sciences appliquées, en permettant une halte près du restaurant et de la nouvelle cafétéria. Nous avions aussi rêvé de voir une passerelle, au-dessus du ruisseau du Blanc gravier, entre les Grands amphis et le centre sportif…

 

* Dérivations. Pour le débat urbain n°2, urbAgora ASBL, mars 2016. Plusieurs articles sont signés par des membres de l’ULg. Citons notamment un entretien avec le pro-recteur Bernard Rentier et une interview du recteur Albert Corhay.

Propos recueillis par Patricia Janssens
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