Septembre 2016 /256
TypeArt

Fuocoammare

Fuoccoammare

Un documentaire de Gianfranco Rosi
À voir aux cinémas Le Parc, Churchill et Sauvenière

Samuele, 12 ans, vit sur une île de la Méditerranée. Comme tous les garçons de son âge, il aime s’amuser, grimper sur les rochers ou traîner au port. Mais son île n’est pas comme les autres îles. C’est Lampedusa, devenue la destination d’hommes, de femmes et d’enfants qui traversent la Méditerranée pour rejoindre l’Europe sur des bateaux trop petits et délabrés.

Révélé en 2010 avec El Sicario, Room 164 (portrait en huis-clos d’un ancien tueur à gages des cartels mexicains) et acclamé il y a trois ans à Venise (Lion d’or) avec Sacro GRA, Gianfranco Rosi fait partie des meilleurs documentaristes de sa génération, cinéaste exigeant et intelligent dont les œuvres, si elles n’évitent pas quelques maladresses narratives, n’en demeurent pas moins passionnantes à regarder.

Avec son sujet brûlant d’actualité, Rosi n’a pas laissé la Berlinale indifférente, Fuocoammare devenant le premier documentaire à y emporter l’Ours d’or. Non sans mérite : à bien des égards, le film de Rosi est une leçon de cinéma documentaire, poignant et engagé, mariage brutal entre le fond et la forme.

Ce qui intéresse le cinéaste en priorité, loin de tout message politique répété et rabâché, est de remettre l’acteur essentiel du problème de la migration au centre du débat : l’humain. En prenant pour base le point de vue des habitants de Lampedusa, et particulièrement un jeune enfant, il offre au film quelques bouffées d’air bienvenues (plusieurs scènes sont vraiment drôles), surtout lorsqu’elles se glissent entre deux échos aux dangers que vivent les migrants. Ces derniers n’existent que virtuellement : une voix à la radio, un signal sur un radar, jusqu’à leur ultime apparition, dramatique pour beaucoup d’entre eux. Pendant ce temps, Samuele ignore encore les réalités de notre monde, et le médecin du coin déclare ne plus se sentir capable de faire des autopsies, après en avoir pratiqué beaucoup trop les dernières années.

Parce qu’il évoque une tragédie trop présente aujourd’hui, s’éloignant de la curiosité presque nécrophile des médias pour se recentrer sur l’humain, Rosi frappe fort, parfois maladroitement mais toujours juste, offrant de-ci de-là quelques lueurs d’espoir, tel un rayon de soleil perçant les nuages noirs d’une mer agitée. Un film essentiel.


Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’ASBL Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.48.28, le mercredi 28 septembre entre 10 et 10h30, et de répondre à la question suivante : un documentaire remporta également la récompense suprême dans un festival majeur en 2004 ; lequel ?

Bastien Martin
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