Octobre 2016 /257

Filière en pointe

Intérêt grandissant pour le métier d’ingénieur

WolperPierreCertes, on n’en est pas à devoir construire de nouveaux amphithéâtres, mais la faculté des Sciences appliquées (ingénieur civil, ingénieur architecte et ingénieur informaticien) connaît, une belle augmentation des primo-inscriptions, laquelle était déjà notée l’an dernier. Quelles sont les raisons de ce nouveau succès ? L’omniprésence de la technologie dans la vie quotidienne (surtout), la conjoncture actuelle (un peu) ainsi que les actions de sensibilisation (beaucoup). Le point sur le campus.

Au quartier Polytech du Sart-Tilman, en cette mi-septembre, le doyen Pierre Wolper se réjouit du nombre à la hausse de primo-inscrits au sein de la faculté des Sciences appliquées. Une tendance un peu générale car, selon le professeur, nous vivons actuellement une période au cours de laquelle l’évolution technologique est incroyablement rapide. « Or, les jeunes se rendent compte que la science, omniprésente, influence grandement la société et ils sont convaincus de pouvoir jouer un rôle majeur dans la transformation de leur vie quotidienne, remarque-t-il. À Stanford, où j’ai réalisé ma thèse, les choix dominants chez les étudiants depuis plusieurs années sont l’informatique et les sciences appliquées, davantage que les sciences humaines. » Et de poursuivre en affirmant constater que, souvent, ces tendances apparaissent chez nous avec un certain décalage, même si c’est de façon moins marquée.

FilierePointeDétenir un diplôme d’ingénieur, c’est trouver à coup sûr un emploi. D’autant que le secteur connaît une certaine pénurie relayée par des fédérations d’entreprises, comme Agoria ou Essencia. « Certaines entreprises viennent directement frapper à notre porte et embauchent parfois un étudiant qui n’a pas encore le précieux sésame en poche », se réjouit le Doyen. Autre message fort : celui de cette entreprise du Brabant wallon, leader sur le marché de la protonthérapie, qui annonce vouloir engager 400 ingénieurs en 2016... « C’est très encourageant, cela représente plus du tiers des diplômés en Fédération Wallonie-Bruxelles. » Le tissu industriel wallon, composé principalement de PME performantes, est également un facteur qui peut inciter les jeunes à s’orienter vers la filière ingénieur, jeunes qui sont de plus en plus conscientisés, notamment au travers d’initiatives telles que le Printemps des sciences.

Malgré ce contexte plutôt positif, les études d’ingénieur, toujours largement dominées (80%) par les garçons, souffrent encore d’une image austère, parfois stéréotypée, consolidée par l’existence d’un examen d’admission que le Doyen présente comme « une épreuve bien utile qui permet d’accueillir dans une ambiance constructive de coopération des étudiants motivés ».

Ces études encore mal connues ne se limitent pas à des cours de mathématique, de physique ou de chimie, même si ces matières en restent le socle : « Notre objectif consiste à donner aux étudiants les clés nécessaires à la résolution de problèmes technologiques, toutes orientations confondues : de la chimie au spatial. Nous sommes une Faculté professionnalisante qui forme les acteurs du progrès technologique et j’en suis fier », affirme Pierre Wolper qui note que les progrès de la médecine sont, aujourd’hui, tant le fait des médecins que des ingénieurs.

 

Préparation et suivi des étudiants

DelhezEricLe Pr Éric Delhez, vice-doyen à l’enseignement de la faculté des Sciences appliquées, suit de près les étudiants inscrits en bachelier. Il a également mis sur pied un programme d’accompagnement des élèves du secondaire désireux de se préparer à l’examen d’admission aux études d’ingénieur.

Le 15e jour du mois : Vous avez établi des liens avec le secondaire ?

Éric Delhez : Depuis longtemps ! Nous avons souhaité renforcer notre collaboration avec les professeurs de mathématiques du secondaire, notamment, afin de faire le point sur le niveau de l’examen d’admission qui, je le rappelle, est une évaluation externe balayant les acquis des trois dernières années. Cet échange est fondamental, car nous ne disposons pas de relai naturel au sein des écoles secondaires : il n’y a pas, sauf cas fortuit, de professeur ingénieur, la plupart d’entre eux étant des licenciés en mathématiques ou en sciences. Nous voulons être complémentaires de nos collègues en organisant des cours préparatoires à cet examen d’entrée.

Le 15e jour : À partir d’aujourd’hui, vous proposerez aussi des cours préparatoires tout au long de l’année à destination des rhétoriciens...

É.D. : En effet, dès la mi-septembre et jusqu’au début avril, pendant 18 matinées, nous réviserons des notions mathématiques (algèbre, géométrie, analyse, trigonométrie). Il n’est pas question d’empiéter sur les écoles qui organisent une 7e année “spéciale math” qui s’adresse à des élèves qui ont besoin de se réorienter, mais plutôt de proposer un accompagnement aux rhétoriciens qui ne peuvent profiter d’un tel support dans leur environnement habituel. À ce jour (le 15 septembre), 55 élèves sont déjà inscrits. Ils seront pris en charge et encadrés par des étudiants de la faculté des Sciences appliquées.

Le 15e jour : Et pour les étudiants en bachelier ?

É.D. : Nous tentons d’améliorer de manière continue le système mis en place. Je suis convaincu qu’au sein de la Faculté le corps professoral témoigne d’un vrai respect à l’égard de l’étudiant. Cela se traduit par exemple lors de l’élaboration de la grille horaire où nous nous efforçons de proposer un horaire cohérent sans temps mort inutile, d’assurer un équilibre entre exposés théoriques et travaux pratiques ou encore de ne pas envoyer les étudiants d’un bout à l’autre du campus à chaque changement de cours. Nous avons également conçu un logiciel qui permet d’optimiser la grille d’examens et qui tient compte des quelque 600 programmes et horaires individuels des 1100 étudiants de la Faculté.

Par ailleurs, nous mettons un point d’honneur à remettre, tout au long de l’année, un feedback à l’étudiant. Pour mes cours d’analyse et d’algèbre, à la fin de chaque chapitre, j’organise des évaluations formatives en soumettant un énoncé original tel que l’étudiant pourrait en recevoir à l’examen. Il retourne chez lui, s’organise comme il l’entend, résout le problème et nous le corrigeons ensemble, suivant les mêmes critères qu’à l’examen. Autre exemple : en chimie, les étudiants se corrigent mutuellement de sorte que chacun a un regard critique sur son condisciple. Ces initiatives contribuent à mettre l’étudiant en confiance et à se situer par rapport aux attentes des enseignants.

Le 15e jour : Le succès est-il au rendez-vous ?

É.D. : Oui. On observe des taux de réussite de l’ordre de 60 %, ce qui, je crois, est très satisfaisant. Je vois davantage en cet accompagnement un soutien qu’une remédiation à l’échec car je n’aime pas ce mot : je préfère parler de suivi et de feedback qui permettent d’adoucir la transition entre les deux niveaux d’enseignement, secondaire et universitaire.

* informations sur www.facsa.ulg.ac.be/coursprepaadmission

 

 

Pages réalisées par Pierre Demoitié
Illustration : Coraline Brach - 3e Pub-ACA-Sup Liège
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