Octobre 2016 /257

Malade comme un chien

Un parasite peut provoquer une toux

Bonne nouvelle au pays des canidés : le service de parasitologie et maladies parasitaires de la faculté de Médecine vétérinaire a récemment identifié en Belgique, après deux années de recherches, un ver parasite causant toux, essouflements et pneumonie chez nos amis à quatre pattes. Le ver coupable – l’Angiostrongylus vasorum – est présent dans les contrées au climat doux et humide et est responsable de l’angiostrongylose chez le chien mais également chez d’autres canidés, principalement comme le renard.

UN CYCLE INFERNAL

Chien« Il se transmet par l’ingestion de limaces et d’escargots au moyen desquels le parasite passe de l’état larvaire (L1) à un état plus mature de larve infestante (L3), explique Laetitia Lempereur. Le canidé ayant avalé la limace ou l’escargot permet au ver de se développer dans son estomac. Parvenu au stade adulte (L5), le ver empruntera les vaisseaux sanguins de son hôte (d’où l’appellation “vasorum”) jusqu’aux poumons. C’est là qu’il pondra des œufs, lesquels se mueront en larves qui gagneront la trachée du canidé et seront ensuite dégluties suite au réflexe de toux et éliminés via les selles. » Le cycle se perpétue alors : les selles de chien se retrouveront dans la nature et le ver pourra se réinviter chez les limaces et autres mollusques de nos jardins. « Ce ver parasite a donc absolument besoin du mollusque pour passer du stade 1 dans la matière fécale à une maturation infestante qui se retrouvera alors dans l’estomac du chien », conclut la chercheuse.

Grâce au concours de 17 cliniques vétérinaires réparties dans toute la Wallonie, un panel de 979 chiens a été constitué. Un groupe de 222 individus présentant des symptômes de toux compatibles avec ceux de la maladie a été examiné : 8,6% d’entre eux étaient porteurs du parasite. Néanmoins, la chercheuse a également décelé, dans le groupe sans symptomatologie (soit 767 chiens), 4,7% d’individus porteurs.

Tout en étant asymptomatiques, nos amis à quatre pattes peuvent donc être porteurs du ver et participer ainsi activement à sa propagation sans que cela n’alerte ni le maître, ni le vétérinaire. « Ce parasite est très peu connu en Belgique, continue Laetitia Lempereur, ce qui explique que les médecins vétérinaires ne l’incluent pas dans leur diagnostic différentiel. » Que l’on se rassure, le traitement est très aisé : un vermifuge contenant soit de la milbémycine oxime, soit du fenbendazole ou encore de la moxidectine suffit à éliminer ces vers dont la présence, en l’absence de traitement, peut avoir des conséquences fatales.

ÉVITER LES COMPLICATIONS

L’intérêt de la recherche est de mettre en avant un parasite responsable d’un ensemble de signes cliniques chez le chien (parfois très graves comme une pneumonie, des troubles nerveux, des saignements marqués, une insuffisance cardiaque) jusqu’ici non décrits en Belgique. La toux est le signe le plus souvent observé; or, elle est plutôt due à la présence de bactéries. Il en résulte que bon nombre de patients canins sont traités en première intention avec des antibiotiques totalement inactifs sur ce type de pathogène. Par ailleurs, la recherche a aussi mis en lumière l’impact non négligeable de cette maladie au sein de la population canine du pays.

Gageons que la parution prochaine de l’article dans la revue Parasite and Vectors* comblera ce manque de données, sensibilisera les vétérinaires et leur permettra d’instaurer rapidement un traitement adéquat. Ceci pour le plus grand bénéfice de la gent canine.

* Prevalence of Angiostrongylus vasorum in Southern Belgium, a coprological and serological survey. DOI : 10.1186/s13071-016-1820-y. PARV-D-16-00679.2

LempereurLaetitiaSI VOUS DEVIEZ CITER TROIS DÉCOUVERTES SCIENTIFIQUES MAJEURES

  1. Le microscope : le tout premier aurait été créé en 1590 par Hans Janssen et son fils Zacharias, fabricants de lunettes hollandais, qui ont eu l’idée de superposer deux verres de lentille dans des tubes coulissants, afin de grossir de très petites choses.

  2. La vaccination : c’est en 1796 qu’Edward Jenner marqua les premiers pas de la vaccination moderne. Il énonça le principe de l’atténuation des germes par le passage d’une espèce animale à une autre.

  3. L’effet photovoltaïque : découvert en 1839 par Antoine Becquerel, il permet la transformation de l’énergie lumineuse en électricité. Il consiste à utiliser les photons pour libérer les électrons et créer une différence de potentiel entre les bornes de la cellule qui génère un courant électrique continu.

Laetitia Lempereur

Aliénor Petit
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