Octobre 2016 /257

De la théorie à la pratique

Alain Vanderplasschen reçoit le prix GSK Vaccines

Le Pr Alain Vanderplasschen est un chercheur qui accumule les premières : premier vétérinaire à avoir décroché un poste permanent au FNRS, plus jeune chercheur à avoir été nommé directeur de recherche au FNRS et, maintenant, premier médecin vétérinaire à recevoir le prix GSK Vaccines depuis sa création en 1959. Ce prix prestigieux, qui récompense un parcours de recherche remarquable arrimé sur les relations hôtes-pathogènes dans le monde animal, lui sera remis au Palais des Académies de Bruxelles le 10 décembre en présence de personnalités prestigieuses.

PASSION POUR LA RECHERCHE

Si sa thèse de doctorat portait sur un herpèsvirus bovin, ce sont les recherches qu’il a menées depuis une dizaine d’années sur l’herpèsvirus de la carpe koï et commune qui lui valent aujourd’hui les honneurs du prix GSK Vaccines, le principal prix attribué en Belgique pour les recherches en immunologie et en vaccinologie. Des recherches qui débouchent à présent sur la mise au point de vaccins vétérinaires originaux.

VanderplasschenAlainAlain Vanderplasschen a fait ses études en médecine vétérinaire. S’il ne fut pas premier de classe en secondaire, il n’a pas quitté la plus haute marche durant ses études universitaires. Il les termine brillamment en 1991 en étant un des derniers diplômés sur le site de l’école vétérinaire de Cureghem. Sa vocation de chercheur prend naissance durant son cursus. À 20 ans, il est repéré par le Pr Paul-Pierre Pastoret, fondateur du laboratoire d’immunologie et vaccinologie. « Monsieur Pastoret était un scientifique et un homme remarquable; il me manque beaucoup », confie Alain Vanderplasschen, qui entame ensuite sous la supervision de ce professeur une thèse de doctorat sur un herpèsvirus bovin. Après son doctorat, il part à Oxford pour réaliser une thèse d’agrégation sur le virus de la vaccine (la “variole de la vache”).

Le FNRS soutient dès le début ce jeune chercheur prometteur. Il ne cessera de le faire plus de 15 années durant, Alain Vanderplasschen gravissant un à un les différents échelons de la carrière, jusqu’au plus élevé : en 2006, à 39 ans à peine, il devient directeur de recherche du Fonds. L’année suivante, il prend la succession du Pr Pastoret à la tête du laboratoire d’immunologie et vaccinologie de la faculté de Médecine vétérinaire et devient professeur à l’ULg.

Sa vie de chercheur a toujours été centrée sur les réactions du système immunitaire face aux pathogènes et sur les mécanismes qui neutralisent la réponse immunitaire de l’animal infecté. « Il y a un peu plus de dix ans, je me suis demandé comment repositionner mes travaux de recherche et développer mon laboratoire. En effet, je désirais mieux concilier des sujets qui avaient un intérêt fondamental et appliqué. Je voulais m’attaquer à des virus dont le poids économique était important et pour lesquels les réponses que mon laboratoire apporterait pouvaient concrètement aider un secteur d’activités, tout en contribuant sur un plan fondamental à mieux comprendre les relations hôtes-pathogènes. »

Les carpes koï allaient lui offrir un sujet de prédilection. Depuis 1998, un virus se propage à l’échelle mondiale et décime les étangs, lacs et rivières. On ne le connaît pas encore très bien alors, mais le Koi Herpesvirus (KHV) est un vrai tueur, ne laissant quasi aucune chance de survie aux carpes infectées.

KHV : LE TUEUR DE CES CARPES

L’enjeu est considérable : poissons d’ornement, certaines carpes koï peuvent valoir jusqu’à 100 000 euros. Quant à la carpe commune, également infectée par le KHV, c’est l’un des poissons le plus largement élevé pour la consommation humaine en Asie, en Europe de l’Est et au Moyen-Orient, un véritable pilier économique et alimentaire pour des millions de personnes dans le monde.

Après avoir séquencé le génome du KHV, l’équipe d’Alain Vanderplasschen s’est attelée à développer un vaccin. Une des étapes cruciales fut de déterminer la porte d’entrée du virus : la peau des carpes. « Aujourd’hui, nous avons mis au point un vaccin en modifiant génétiquement le virus, qui est désarmé. Il est directement administré dans l’eau des bassins, stimule le système immunitaire des poissons et les protège ainsi de la maladie. » Un procédé breveté en plein développement économique.

« Notre Université possède une palette exceptionnelle d’expertises pour l’étude des poissons et de leur milieu. Je souhaite contribuer à la mise sur pied d’un centre de recherche dédié à l’aquaculture. À l’heure actuelle, le laboratoire travaille sur les anguilles, un nouvel axe de recherche tout aussi passionnant, dans la foulée de notre expérience acquise à l’aide du modèle KHV/carpe », conclut Alain Vanderplasschen.

* voir l’article du 15e jour du mois publié en mai 2008 : http://le15ejour.ulg.ac.be/SautDeCarpe

Didier Moreau
Photos : J.-L. Wertz
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