Octobre 2016 /257
Voyage à travers le cinéma français
Un documentaire de Bertrand Tavernier Ce travail de citoyen et d’espion, d’explorateur et de peintre, de chroniqueur et d’aventurier qu’ont si bien décrit tant d’auteurs, de Casanova à Gilles Perrault, n’est-ce pas une belle définition du métier de cinéaste que l’on a envie d’appliquer à Renoir, à Becker, au Vigo de L’Atalante, à Duvivier, aussi bien qu’à Truffaut ou Demy ? À Max Ophuls et aussi à Bresson ? Et à des metteurs en scène moins connus, Grangier, Gréville ou encore Sacha, qui, au détour d’une scène ou d’un film, illuminent une émotion, débusquent des vérités surprenantes. Il y a plus de 20 ans, Martin Scorsese réalisait deux documentaires-fleuves (plus de quatre heures chacun) sur le cinéma américain et italien, alliant analyses, anecdotes et éléments biographiques. À bien des égards, Bertrand Tavernier (l’un des plus grands cinéastes français en activité) s’inscrit dans cette lignée, compilant plus de 500 extraits de films (allant des années 30 à 80) qu’il ponctue de remarques historiques, critiques ou anecdotiques. Si Tavernier ne partage pas toujours, à l’exception d’une introduction remarquable, le même sens de l’analyse que Scorsese, il n’en déborde pas moins du même enthousiasme, de la même passion pour le 7e Art. Qu’il s’agisse de Renoir, Melville, ou Truffaut, Tavernier revient sur les cinéastes et les films qui ont marqué et l’histoire du cinéma hexagonal et sa propre histoire, ce que le cinéaste dévoile avec une franchise et une simplicité plaisantes. Bien sûr, la richesse des œuvres abordées est telle que 3h15 du ne suffisent pas… Qu’importe, le documentaire de Tavernier a surtout le mérite de remettre sur le devant de la scène quelques noms injustement boudés des livres d’histoire du cinéma, occultés par La Nouvelle Vague qui les massacra, notamment, au sein des Cahiers du cinéma. Voyage à travers le cinéma français, outre la redécouverte de réalisateurs essentiels, c’est enfin, et surtout, la remise en perspective d’une cinématographie qui, si elle semble quelque peu faiblarde aujourd’hui, fut en son temps l’une des plus flamboyantes au plan mondial.
Bastien Martin
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