Novembre 2016 /258

Droits de l’enfant

L’opinion d'Anne-Marie Dieu

20 novembre : la journée internationale des droits de l’enfant rappelle la date de la signature de la Convention adoptée par l’ONU en 1989. Les articles 28 et 29 sont consacrés aux droits à l’éducation.

L’Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse, organisme d’étude et d’aide à la décision publique, a commandité ces dernières années plusieurs études en relation avec les jeunes qui, d’une manière ou l’autre, “décrochent” du système social et se retrouvent aux marges de celui-ci.

En effet, les processus d’orientation et de ségrégation scolaires ainsi que les stratégies d’évitement institutionnelles (via notamment les exclusions et les refus d’inscriptions) amènent très tôt une partie des jeunes à lâcher prise et à perdre confiance en eux. Les jeunes qui ne disposent pas d’un ancrage familial soutenant s’avèrent fortement fragilisés.1

Ces jeunes vont alors présenter des trajectoires hachées avec des retours partiels et temporaires vers les institutions de formation où différents obstacles se dressent par rapport à une reprise complète : information inadéquate sur les possibilités et filières, tests de niveaux reproduisant les modalités et exigences scolaires, impossibilité de décrocher un stage… Apparaissent également des “trous” dans le maillage institutionnel, tant au niveau de l’enseignement secondaire que dans le monde de la formation professionnelle. Certains jeunes resteront coincés dans l’une ou l’autre ornière, ou prendront des chemins de traverses. Ils et elles rejoindront les jeunes que l’on catalogue comme “NEET’s” et que les politiques publiques vont s’employer à “activer”, trop souvent sans prendre en considération leur vécu et leurs nombreuses activités, souvent liées la survie au quotidien.2

DieuAnneMarieLes professionnels témoignent de leurs difficultés à jongler entre les exigences du système et les besoins particuliers des jeunes qui viennent à leur rencontre. Les retours réussis vers la formation ou une autre forme d’insertion sociale dépendent d’une série de facteurs parmi lesquels se détachent une possibilité de travail sur soi pour le jeune, une reconstruction de sa confiance en lui qui passe souvent par la rencontre d’autruis significatifs, dont des professionnels rétablissant un rapport plus positif aux institutions. Des “parcours improbables” s’ébauchent alors, permettant à des jeunes de reprendre prise sur leur destin.3

À l’heure où les réflexions foisonnent autour d’une école de l’excellence, on ne peut que constater qu’il reste beaucoup à faire pour ne pas perdre en chemin une partie importante de la jeunesse. Le temps de l’enseignement obligatoire devrait notamment prendre en compte l’importance de l’expérimentation, le droit à l’erreur et à la maturation en se montrant particulièrement attentif aux transitions de cycles.4

Anne-Marie Dieu
docteure en sociologie, 1996
directrice de recherche et coordinatrice a.i., Observatoire de l’enfance, de la jeunesse et de l’aide à la jeunesse

1 www.oejaj.cfwb.be/index.php?id=15562
2 Les NEET’s : www.oejaj.cfwb.be/index.php?id=11412
3 Enquête rétrospectives sur www.oejaj.cfwb.be/index.php?id=10334
4 État des connaissances et identification des enjeux de politiques publiques : www.oejaj.cfwb.be/index.php?id=8616

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