Novembre 2016 /258

Homomigratus

Une exposition au Musée de la vie wallonne


Le Musée de la vie wallonne propose jusqu’au 11 décembre une exposition sobrement intitulée “HomoMigratus” dont l’objet est, c’est le moins que l’on puisse dire, d’une brûlante actualité. Au travers de différents tableaux, le long d’un parcours chronologique, elle invite à prendre du recul et à observer les migrations humaines dans l’histoire avec, en guise de fil rouge, la réalité wallonne présentée sous forme d’un focus.

Fidèle à sa démarche de récolter des témoignages oraux, le Musée est allé voir les immigrés issus des quatre coins du monde et installés en Wallonie depuis 1950. L’exposition ne se satisfait pas de ces seuls témoignages (présentés dans cinq salons) : la démarche humaniste qui la sous-tend décline encore quatre grands thèmes dans lesquels le visiteur pourra appréhender l’actualité de l’immigration.

MarcheDesOmbresIntitulé “L’Homme marche”, le premier thème présente le monde actuel comme le riche brassage culturel dû à l’extrême mobilité humaine depuis des siècles. Le deuxième, “L’homme espère”, dresse un inventaire des différentes politiques menées par la Belgique en termes d’immigration. Longtemps terre d’accueil, notamment en raison de l’importante industrie wallonne, notre pays encouragea l’immigration dès l’entre-deux guerres pour des motifs économiques et démographiques. Ce qui fait écho à la politique menée par l’Allemagne en 2015, même si celle-ci avança de valeurs telles que l’intégration et le multiculturalisme. La troisième partie du parcours, “L’Homme égaré”, montre la double évolution institutionnelle de ces 20 dernières années en Belgique, entre la fédéralisation du pays et la constitution de l’espace européen Schengen dont les questions autour du contrôle des frontières et de la libre circulation ont mis en péril, ces derniers mois, les fondements mêmes de l’Europe. La quatrième et dernière étape de ce parcours intitulée “L’Homme se dresse” interroge, enfin, les défis qu’il nous incombe de relever en termes d’enseignement, d’emploi, de religion, de culture, etc.

Le point de vue holistique de cette exposition permet ainsi de traiter les problématiques des centres fermés, des sans-papiers, des camps de réfugiés répartis dans le monde entier mais également des parcours d’intégration mis en place par les pays d’accueil. Elle traite des renforcements des contrôles aux frontières et des nombreux préjugés – souvent faux – concernant les immigrés. Et constate notamment que les plus grands déplacements de population ont lieu dans les pays du Sud alors que ce sont les pays du Nord qui tremblent devant l’arrivée des migrants. Pourtant, le million et demi de personnes accueillies en 2015 par les pays de l’Union européenne ne contrebalancent nullement les 50 millions d’Européens qui ont quitté le vieux continent entre 1800 et 1914.

L’exposition du Musée de la vie wallonne a ceci d’enrichissant qu’elle rappelle que les migrations font partie de l’ADN de l’être humain et qu’elles sont nécessaires à la bonne marche du monde, particulièrement dans sa dimension économique. En évoquant, in fine, les conséquences du changement climatique qui précipitent dès aujourd’hui les hommes sur les routes de l’exil, elle nous plonge au cœur de l’actualité de demain. Elle nous rappelle enfin utilement que, même s’il est des départs volontaires et désirés, traiter des migrations consiste souvent à prendre la pleine mesure de la souffrance des hommes et des femmes qui décident de partir vers un ailleurs informel.

Au Musée de la vie wallonne, cour des Mineurs, 4000 Liège

HomoMigratus

    Exposition jusqu’au 11 décembre, tous les jours de 9h30 à 18h, sauf le mardi. Entrée gratuite.

    * informations et réservations, tél. 04.237.90.50, site www.provincedeliege.be/fr/viewallonne

La marche des ombres. Enjeux de la migration

    Conférence de François De Smet, directeur du Myria, le mardi 22 novembre à 19h.

Dialogue entre Marco Martiniello (Cedem) et Edith Bertholet (Nimis Groupe) autour de la contribution des immigrés à l’art et à la culture, le mercredi 23 novembre à 19h.

    * informations sur www.msh.ulg.ac.be

 

Aliénor Petit
Photo : Gilles Destexhe
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