Rituels et exercices

Le spectacle Un arc-en-ciel pour l’Occident chrétien est né d’une recherche sur les rituels vaudous haïtiens menée par Pietro Varrasso, professeur d’art dramatique au Conservatoire royal de Liège, et par des comédiens haïtiens, sénégalais, belges et français, à partir des poèmes de René Depestre qui fit de la culture un moyen de combattre le racisme dans le sud des États-Unis dans les années 60. Fidèles au poète qui – mêlant politique et érotisme – célébrait les dieux du vaudou et les héros des luttes négro-américaines, les comédiens tissent une longue chaîne de chants haïtiens et cubains, de complaintes de prisonniers afro-américains aussi, agrémentés de compositions personnelles.

Face à cette démarche d’acteurs, Rachel Brahy, sociologue, et Véronique Servais, anthropologue en faculté des Sciences sociales, se sont intéressées à la mécanique des exercices et des jeux conduisant à entremêler action collective et vie individuelle. Comment le sentiment du collectif se construit-il ? Plus exactement, à quoi ressemble l’expérience du commun ? « Nous enquêtons sur l’émergence du commun en tant qu’expérience sensorielle », précise Véronique Servais. « Nous observons comment la théâtralité – en l’occurrence la marche dansée, les ondulations rythmées, les chants – peut contribuer à des expériences sensibles particulières », renchérit Rachel Brahy. Et de questionner la façon dont les déplacements des corps, les perceptions d’autrui et l’imaginaire font ressentir le sentiment du collectif sans annuler la sensation de son propre corps, de son propre moi. Autrement dit : comment établir une connexion à soi et à l’autre si particulière qu’elle est parfois qualifiée de sacrée ?

Le 30 novembre, une table ronde sur cette thématique sera l’occasion de présenter des exercices de théâtre, de les analyser et de les mettre en parallèle avec des éléments de rituels de cultes haïtiens (vaudous) pour tenter de répondre à ces questions.