Novembre 2016 /258
Entre 4 yeuxL'Open Access au Pecha Kucha Liège
L’Open Access – soit l’accès direct et gratuit à toutes les publications scientifiques – sera le fil conducteur du prochain “Pecha Kucha” organisé à Liège, le 24 novembre. Le concept évolue, gagne de nouveaux terrains mais peine à se généraliser. Le point sur la situation avec deux de ses ardents défenseurs, le recteur honoraire Bernard Rentier et le Pr Pierre Drion, secrétaire de la Commission d’éthique animale institutionnelle. Le 15e jour du mois : Vous êtes désormais le chantre de l’Open Access… Bernard Rentier : Je plaide depuis plusieurs années pour que les publications scientifiques soient disponibles en libre accès (Open Access) sur internet. Les éditions scientifiques actuelles bien connues – et réputées – ont considérablement augmenté le coût de leur publication. Résultat : les universités doivent débourser des sommes folles pour des revues qui publient les résultats des recherches menées le plus souvent grâce à des deniers publics. C’est insensé et inadmissible. J’en appelle à une réponse politique face à cette dérive du marché. Le 15e jour : Que suggérez-vous aujourd’hui ? B.R. : Nous devrions nous inspirer de la démarche des mathématiciens et des physiciens (notamment). Ceux-ci soumettent un manuscrit à l’œil attentif de leurs collègues sur une plateforme spécifique, ArXiv.org. Cette “hypothèse” est alors critiquée ouvertement par tous les pairs. Le chercheur peut alors tenir compte ou non des observations et publier ensuite un papier dans une revue. Ainsi, l’article qui paraît aux yeux de tous a déjà reçu l’aval de la communauté scientifique concernée, ce qui atteste de sa qualité. Le 15e jour du mois : Le 24 novembre vous parlerez d’expérimentation animale ? Pierre Drion : Effectivement. À l’heure actuelle, l’expérimentation animale représente une part faible mais encore indispensable de la recherche biomédicale. Un des messages que nous souhaitons faire passer est celui de l’engagement plein des chercheurs dans le développement et le recours aux méthodes alternatives. Comme le disait le Pr Nicks, il pourrait sembler, en effet, que les commissions d’éthique animales doivent partir du principe que les intérêts de l’homme ou d’une espèce animale pèsent plus lourd que les intérêts des animaux d’expérience. En aucun cas cependant dans une mesure telle que tout intérêt de l’homme (ou d’une espèce animale) prévale sur n’importe quel intérêt de l’animal… Dès lors, veiller à rechercher, identifier, critiquer et développer toute méthodologie qui puisse permettre de quitter le modèle animal au profit d’autres modèles est pour nous une tâche à laquelle chacun doit s’astreindre. À titre exemplatif, le développement in silico de modèles de lympangiogenèse en collaboration avec les collègues Agnès Noel et Liesbet Geris s’inscrit pleinement dans cet esprit. Le 15e jour : Quel rapport avec l’Open Science ? P.D. : En supprimant les contraintes liées aux publications “fermées”, l’Open Access permet de mettre à la disposition de tous l’ensemble des aspects d’une recherche : protocoles détaillés, résultats acquis – in extenso et éventuellement négatifs –, programmes utilisés pour traiter les données, etc. Et la mise à disposition gratuite des éléments de ce travail diminuera inévitablement, par exemple, le nombre d’expériences inutiles puisque les chercheurs pourront se baser sur la disponibilité de telles données.
Propos recueillis par Patricia Janssens
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