Décembre 2016 /259
Saint-JacquesUn ouvrage en l’honneur des mille ans de l’abbaye
L’église Saint-Jacques à Liège est sans conteste un chef-d’œuvre de l’architecture du XVIe siècle au nord des Alpes. Fondée vers 1015 sous le règne du prince-évêque Baldéric II, successeur de Notger, en même temps que l’abbaye bénédictine dont elle constituait l’abbatiale, elle subit, à l’instar de ses homologues de la cité principautaire, bon nombre de vicissitudes au fil des ans. Jugez plutôt. « Indépendamment du massif occidental ou avant-corps qui est resté roman, on est en présence d’une architecture dans laquelle dialoguent des parties gothiques avec d’autres Renaissance, dont le fameux portail attribué à Lambert Lombard, observe Benoît Van den Bossche, professeur d’histoire de l’art et d’archéologie du Moyen Âge. Preuve qu’on jonglait au XVIe siècle, sur le même chantier et au même moment, avec des motifs décoratifs gothiques – en l’occurrence flamboyants – et des éléments renaissants : cela ne dessert en rien l’impression d’unité qui se dégage de l’ensemble. » L’élévation de Saint-Jacques et ses voûtes sur croisée d’ogives, par exemple, sont gothiques alors que la façade du proche sud est tout à fait Renaissance. À l’instar des tondi, ces médaillons avec visages, décorant les écoinçons des grandes arcades du vaisseau. « À ce mariage de motifs divers, insiste-t-il, s’ajoutent des sculptures extraordinaires, avec, entre autres, près de 400 clés de voûte toutes différentes : visages, animaux et végétaux – qu’ils soient réalistes, fantastiques ou grotesques – forment une iconographie extrêmement variée. » Mais ce n’est pas tout. Au regard de l’arpenteur attentif de ce joyau de l’architecture liégeoise s’offrent aussi, après le choc esthétique produit par la dentelle de pierre une fois franchi le portail, les bustes des bas-côtés que l’on doit sans doute à un sculpteur souabe, les statues baroques de Jean Del Cour et de son école, les peintures des voûtains, ces espaces situés entre les ogives dont la décoration remonte au XVIe siècle. « Il y a enfin les fameux vitraux, s’enthousiasme Benoît Van den Bossche. L’église en a perdus beaucoup, peut-être au XVIIIe siècle, pour qu’une lumière non tamisée par la couleur puisse y entrer. Heureusement, dans le chœur ont été conservées de superbes verrières datant des années 1530. » Édité sous les auspices de l’Institut du Patrimoine wallon, l’ouvrage L’église Saint-Jacques de Liège. Templum pulcherrinum. Une histoire, un patrimoine permet aux lecteurs de prendre conscience non seulement de la grande richesse artistique de l’édifice liégeois mais aussi – grâce à de nombreux contributeurs issus de différentes disciplines – du contexte historique où il est né et qu’il a traversé jusqu’à nos jours. D’autant qu’il comporte, parmi ses 346 pages, près de 250 clichés en quadrichromie (photos, plans, reconstitutions graphiques).
Henri Deleersnijder
Photo : M. Leffts
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