Janvier 2017 /260

La fibre entrepreneuriale

À l’occasion de ses deux ans d’existence, le VentureLab organisera les 7 et 8 février le premier sommet de l’étudiant-entrepreneur.

Lubie ou inconscience : si 93% des moins de 30 ans se disent favorables à l’entrepreunariat, seuls 3% franchissent le pas une fois leur diplôme en poche. Bien pour les autres, très peu pour soi ? « Depuis quatre ou cinq ans, on sent un changement, une envie de créer de plus en plus pressante, observe le Pr Bernard Surlemont de HEC Liège. Les étudiants se posent beaucoup de questions par rapport aux grandes entreprises. Ils sont conscients que la stabilité de l’emploi est révolue, qu’on entre dans une nouvelle ère. » Car créer son entreprise, c’est d’abord se donner à soi-même un travail, avant de pouvoir, peut-être, en donner aux autres. « Nous ne vivons pas dans un monde en crise, mais dans un monde en mutation. Dans 30 ans, nous regarderons cette époque comme nous regardons aujourd’hui la révolution industrielle. Or, il nous faut des jeunes entrepreneurs pour penser les nouveaux enjeux climatiques, démographiques, économiques. Ils sont les leviers de solution, pour l’avenir », estime Bernard Surlemont.

INCUBATEUR

Dans cette optique de soutien aux initiatives entrepreneuriales, l’ULg a mis sur pied, dès 2014, le statut d’étudiant-entrepreneur, qui permet un aménagement du cursus pour ceux qui mènent en parallèle une activité d’indépendant. En novembre de la même année, le VentureLab a ouvert ses portes : un incubateur destiné à assurer la transition entre les études et la création d’entreprises. « Ce qui manque aux jeunes pour se lancer, c’est un peu de confiance en soi, un bon encadrement et du réseau », argumente Bernard Surlemont, fondateur du VentureLab. C’est pourquoi le dispositif prévoit un coaching par des entrepreneurs expérimentés, parmi lesquels l’éditeur Luc Pire, le fondateur de Newpharma Olivier Mallue ou Philippe Woitrin, ex-CEO du groupe Hain Celestial, connu pour ses marques alimentaires biologiques. « Cela pourrait aussi permettre d’attirer plus de jeunes femmes : aujourd’hui, elles ne représentent que 15% des entrepreneurs que nous accompagnons. On doit pouvoir faire mieux ! »

SurlemontBernardOuvert à tout étudiant de l’ULg ou d’une institution du Pôle académique Liège-Luxembourg, le VentureLab l’est aussi aux jeunes récemment diplômés (24 mois maximum). « La fin des études est souvent le moment de déclic. C’est aussi un moment favorable car la plupart des jeunes sont encore chez leurs parents, dans un contexte où la prise de risque est favorisée », poursuit Bernard Surlemont. Parmi les entrepreneurs accompagnés, on compte ainsi 58 % d’étudiants contre 42% de diplômés frais émoulus. Nul besoin d’avoir un projet construit de A à Z dans son cartable pour frapper à la porte : un peu de créativité et beaucoup de “niaque” sont en revanche recommandées. « Nous nous intéressons d’abord à l’individu et non au projet, lequel peut d’ailleurs changer du tout au tout au cours de l’accompagnement. L’envie est la première condition. La deuxième est l’écoute. Un projet, ce n’est jamais une ligne droite : il faut pouvoir être réceptif à l’environnement, aux partenaires, aux clients, aux coachs. »

MAGIE ET MACARONS

À ce jour, le VentureLab a accompagné quelque 220 jeunes et 130 projets. 27 entreprises ont été créées en 2016 ; 79 projets sont en cours de développement. Industries créatives, agroalimentaires, nouvelles technologies, sciences de la vie, services à la personne, etc. : tous les secteurs sont représentés. Et toutes les Facultés. « Le cliché selon lequel il faudrait avoir fait HEC pour entreprendre est tout à fait infondé. Nous avons de très beaux projets en Philo et Lettres », souligne Bernard Surlemont. Et de citer pour exemple First Face, une entreprise qui commercialise les créations de jeunes designers locaux à travers des pop-up stores : une initiative signée Anne-Sophie D’Haen, en master arts du spectacles. À noter qu’entre le futur médecin devenu roi des macarons (M&A Macarons) et l’étudiant vétérinaire lancé dans le business de la magie (In The Air), le lien entre la formation académique et le créneau entrepreneurial est loin d’être systématique. « C’est souvent une passion qui préside à la création », confirme Bernard Surlemont. Passion devenant parfois raison.

Le sommet de l’étudiant-entrepreneur

Les mardi 7 et mercredi 8 février, rue Louvrex 30,
4000 Liège.

Contacts : tél. 04.232.72.4, site www.lesommet.be

 

Master de spécialisation

HEC Liège propose un master de spécialisation en entrepreneuriat. Séminaires, formations sur le terrain, jurys, pluridisciplinarité, réseautage : en une année, ce programme intensif basé sur le learning by doing apporte une connaissance solide du monde de l’entreprise. Dossier de candidature à rendre pour le 31 mars.

* www.hecliegeentrepreneurs.be

 

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