Janvier 2017 /260
TerrorismeÊtre une voix, pas un écho
Les deux dernières années, 2015 et 2016, resteront à coup sûr dans les annales. Aux prises avec une série d’attentats revendiqués par l’État islamique – singulièrement en Belgique, en France et en Allemagne –, l’Europe vit probablement les années les plus douloureuses d’après-guerre. Dans quelle mesure les experts, les médias, les hommes politiques ont-ils un rôle à jouer dans cette situation complexe ? « C’est un autre paradoxe : l’attentat de Nice a probablement inspiré les auteurs de la tragédie berlinoise, comme le fait d’avoir communiqué sur l’empêchement d’une attaque du marché de Noël de Strasbourg pourrait avoir donné des idées à ces mêmes personnes », poursuit le professeur. Et de regretter certains discours tenus quelques minutes à peine après les événements berlinois : « à l’instar de ce qui fait le lit du conspirationnisme, devant un phénomène très complexe – le terrorisme – des explications et des réponses simplistes sont formulées très promptement : “l’auteur est certainement un migrant”. Voilà un enchaînement terrible : on établit un lien de causalité totalement indémontré entre l’arrivée des réfugiés et les attentats sanglants. La migration devient alors une cause du terrorisme…, alors qu’elle est la conséquence des conflits armés, d’une part, et de la pression intégriste, de l’autre. » Ces discours simplistes sont d’ailleurs proches de la rhétorique de l’état islamique, qui séduit les jeunes par des discours démagogiques et réducteurs. « Nous devons absolument sortir de ce raisonnement », conclut, provisoirement, le Pr Michaël Dantinne.
Patricia Janssens (le 11 janvier)
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