Janvier 2017 /260

Au cœur de l’Afrique

Issue du Pacodel, elle vient de se doter d’une permanente.

Pour fédérer les projets de recherche et de formation liés à l’Afrique centrale, et notamment en République démocratique du Congo (RDC), le Centre pour le partenariat et la coopération au développement de l’ULg (Pacodel) a mis sur pied une “Plateforme Afrique Centrale”. Elle vient de se doter d’une permanente.

GretryLucilleA partir de ce mois de janvier, Lucille Gretry endossera le rôle de la permanente de la “Plateforme Afrique Centrale” lancée il y a deux ans par le Pacodel. Un poste de quatre ans à Kinshasa pour lequel elle semble taillée : « Ma thèse, qui s’intéressait aux liens entre mondes civil et militaire à partir des récits d’enfants-soldats, m’a amenée à passer six mois par an en RDC, de Lubumbashi à Kinshasa en passant par Goma et Moanda. J’ai pas mal parcouru le pays. Je suis ensuite partie à Bamako au Mali, pour le compte de la Coopération technique belge (CTB), et ai effectué dans la foulée plusieurs missions de consultances pour quelques ONG. Je suis très peu passée par la case Belgique depuis la fin de mes études. »

IMPULSION

La plateforme est destinée à fédérer les initiatives individuelles émanant de l’ULg et des partenaires locaux ainsi qu’à améliorer la qualité de la recherche. Une coopération qui a commencé en 2015 par le financement de cinq thèses de doctorat, à Kinshasa, en lien avec un thème fédérateur : les territoires périurbains. « Kinshasa est l’archétype de ces mégalopoles africaines qui se sont développées trop vite, sans réflexion sur l’aménagement de l’espace pour encadrer l’exode rural auquel elles devaient faire face. On trouve, dans ces villes, un centre urbain plus ou moins organisé, puis de nombreux quartiers périphériques qui s’y sont agglutinés, nés de la migration rurale, et qui sont comme autant de villes dans la ville, explique Lucille Gretry. On n’y trouve guère d’organisation formelle ; l’ampleur de la population y est vraiment très importante. Avec les problématiques spécifiques qui en découlent, liées à la santé publique et à l’alimentation, à l’aménagement du territoire, à la gestion des ressources naturelles, à l’éducation, au fonctionnement des services publics, etc. »

Avec la présence d’une permanente dans la capitale congolaise, la plateforme passe à la vitesse supérieure : elle veut surtout jouer le rôle d’appui, voire prendre le leadership de projets de recherche et de formation interdisciplinaires impliquant acteurs académiques liégeois et centre-africains. « Ce point focal entend faire se rencontrer des gens qui ne se connaissent pas ou n’ont pas l’habitude de travailler ensemble, dans le but de faire émerger des projets interdisciplinaires cohérents. Ceux-ci impliqueront des académiques, mais pas seulement : des acteurs issus des ONG, de la coopération bilatérale, voire du secteur privé seront également sollicités », s’enthousiasme Lucille Gretry. La plateforme souhaite également encourager les acteurs kinois et centre-africains à valoriser leur expertise en-dehors du milieu académique. « En pratique, cela veut dire les appuyer à répondre à des appels d’offres – pour des formations, de la consultance – afin de rencontrer d’autres experts, de récolter des données utiles à leur propre recherche. »

INVENTAIRE

Sur place dès le mois de janvier, « à condition que la diplomatie belge nous autorise à gagner la RDC, où la situation politique actuelle est préoccupante », Lucille Gretry, qui s’expatrie pour la quatrième fois, y poursuivra l’identification des acteurs, besoins et possibles synergies qu’elle a entamée à Liège : bailleurs de fonds, ONG et autres acteurs de la coopération. Elle assurera auprès d’eux la promotion des activités de l’ULg en RDC. Un nécessaire networking. « Et pas seulement pour assister les chercheurs de l’ULg qui souhaiteraient s’intéresser à une thématique locale mais ne disposeraient pas des contacts nécessaires, ou souhaiteraient organiser une mission sur place, ce qui n’est jamais facile à distance. Je songe également aux chercheurs locaux : on sait par exemple qu’il est difficile pour eux de publier dans des revues internationales – faute de contacts – ou de soutiens suffisants, ou encore de se mobiliser pour intervenir dans des colloques organisés à l’étranger, faute de fonds. » La “Plateforme Afrique Centrale” s’est donc fixée, on l’a compris, des objectifs ambitieux. Lucille Gretry ne manquera pas de pain sur la planche.

* voir le site www.ulg.ac.be/ri-pacodel/plateforme-afrique-centrale

Patrick Camal
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