Février 2017 /261

Aux portes de l’immobilier

Une jeune spin-off de l'ULg

L’incursion tardive du numérique dans le milieu de la construction s’accélère et se révèle prolifique. Dans l’air du temps, la spin-off SpatioData née dans la sphère du Lucid en faculté des Sciences appliquées et de l’unité de géomatique en faculté des Sciences – apporte sa pierre à l’édifice. Ses inventifs créateurs proposent des applications qui simplifient la gestion des parcs immobiliers. Malléables et modulables jusqu’aux limites de l’imaginaire, elles peuvent rencontrer les besoins de chaque client. Sur le plan de la recherche, ces applications alimentées par les nécessités de différents profils se développent continuellement. D’un point de vue commercial, SpatioData, lancée en 2015 à l’ULg, a déjà séduit bon nombre d’entreprises, des PME et des multinationales. Elle continue de prospecter au-delà des frontières européennes et a fait partie, en octobre, de la mission royale au Japon, notamment. Ses services sont aussi innovants qu’ergonomiques.

GAIN DE TEMPS

LefebvrePierreHenriEn 2010, des chercheurs du CSTC, du Lucid et de l’unité de géomatique de l’ULg, et de l’UCL se regroupent pour trouver une approche alternative de gestion et de maintenance des bâtiments. « Nous voulions aller vers un modèle simple et rapide à utiliser, capable d’agréger et de gérer des informations floues et parfois contradictoires », raconte Pierre-Henri Lefèbvre, docteur en physique de l’ULg et créateur de la spin-off. Après plus de trois années de recherche, un modèle hybride de représentation de l’espace est mis au point. Il combine des possibilités de récolte de données spatiales (géolocalisées) et sémantiques (porteuses de sens).

Pierre-Henri Lefèbvre décide alors d’explorer la voie de la valorisation industrielle : « Nous avons proposé un projet First Spin-Off, et la société SpatioData a vu le jour à la fin de l’année 2015. » Concrètement, les informations récoltées peuvent provenir d’objets connectés, de capteurs ou du personnel de terrain (électriciens, menuisiers), lequel va pouvoir documenter le bâtiment à propos de l’état des pièces, des chaudières, de la toiture, etc. Ces informations sont agrégées dans une base de données que le gestionnaire peut organiser et structurer comme il l’entend via l’application. « Nous avons développé “Door Inspect” pour l’ULg. Des QR codes sont progressivement placés sur toutes les portes coupe-feu de l’ULg. Chaque fois qu’un menuisier contrôle ou entretient ces portes, il peut scanner le code et décrire l’état de la porte, indiquer si elle est en ordre ou pas. Door Inspect offre donc un monitoring d’informations en temps réel (plan, état de la porte, éléments constitutifs, données de maintenance, etc.) et permet de connaître constamment la conformité des portes coupe-feu. Un rapport aux pompiers se fait en un clic et prend moins d’une minute... »

SpatioDataCOLLABORATION MULTIDISCIPLINAIRE

SpatioData simplifie donc la maintenance d’un parc immobilier en phase d’exploitation. Dans l’éventail des possibles, le modèle permet également de dresser un “facebook” d’un édifice, en compilant et classant en une seule interface des photos de travaux ou d’évolutions d’un bien, pour savoir où passent les réseaux dans l’éventualité de travaux futurs, par exemple. La technologie rejoint le rang des Building Information Models (BIM). Jusqu’ici, ces derniers regroupent principalement des données géométriques exhaustives et restent focalisés sur les phases de conception et de construction des bâtiments. SpatioData innove par son caractère hybride (spatiosémantique), ainsi que par des sources d’information multiformes (capteurs, personnels de terrain, etc.). Cette technologie a pu voir le jour grâce à la collaboration d’une grande diversité de profils, parmi lesquels des architectes, des informaticiens, des ingénieurrs, des géomaticiens, des ergonomes et des entrepreneurs du secteur de la construction.

* www.spatiodata.com

Philippe Lecrenier
Photo : Shutterstock
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