![]() Mars 2017 /262
Faire pousser les artistes5, rue Commandant Marchand, le jour du rendez-vous : apparence de calme jusqu’à ce que la porte de la galerie “Nadja Vilenne” s’ouvre. Là, l’effervescence ! Ce matin-là avait lieu un tournage pour le “Creative Playground”, sous la direction de Jean-François Foliez. Les différents – et nombreux – artistes débriefaient dans l’arrière salle de la galerie. Le décor était planté, la trame également : la galerie Nadja Vilenne est un laboratoire d’expérimentations aussi variées qu’innovantes. Et le Bulletin des musées de la ville de Liège reprend même les mots du Petit futé : “Cette galerie internationale plaira aux amateurs de découvertes fortes”*. IL N’Y A PAS DE HASARD, RIEN QUE DES RENDEZ-VOUS
Emballée par la découverte du parcours de Denise Renée au Centre Pompidou de Paris, elle propose une exposition rétrospective sur l’abstraction belge des années 50 dans le cadre d’une foire improvisée au Palais des congrès de Liège en 1988 : troisième rendez-vous, troisième hasard heureux. L’objet d’art, sa valeur, les négociations assorties, l’investissement des artistes et les soucis de conservation, voire de restauration deviennent son tracas quotidien. Pendant neuf ans, Nadia s’investira dans une galerie d’art rue Cathédrale, dont elle a dessiné les plans, la galerie “Cyan” où les artistes exposés – JO Delahaut, Pol Pierart, Walter Leblanc, Aurélie Nemours, Marthe Wéry, Léon Wuidar entre autres – sont liés à l’abstraction belge depuis le début du XXe siècle jusqu’à la période contemporaine. La reconnaissance est au rendez-vous à la foire de Bruxelles. La guerre du Golfe en 1990 pimente cette success story. Le chiffre d’affaires de la galerie Cyan est divisé par dix. « C’est là que j’ai appris mon métier en résistant à la crise. » Il faut continuer avec très peu de moyens dans une région plutôt sinistrée économiquement. Les collectionneurs ne sont pas légion. Progressivement, la question de l’art en train de se faire s’impose. En 1995, elle rencontre Guy Mees et Walter Swennen : « Je ne comprends pas mais je sens qu’il y a quelque chose d’important qui me tente et qui m’est alors inconnu. » Son rendez-vous avec l’histoire de l’art contemporain s’opère in situ. QUARTIER NORDEn mai 1997, Nadia Vilenne décide de changer d'espace. Elle a le coup de foudre pour la galerie actuelle, espace industriel de 1906 chargé d’un passé économique triomphant, et achète également la maison attenante ayant appartenu à de grands amateurs d’art depuis ses origines. La galerie touche un public plus spécialisé, plus international; d’autres horizons économiques s’ouvrent par les foires d’art contemporain : Art Brussel’s, la Fiac, Artforum Berlin scandent les années de stands dessinés avec et par les artistes promotionnés. La rencontre du critique Jean-Michel Botquin avec qui elle partage sa vie lui permet de concilier vie de famille avec ce métier d’aventures et de découvertes. Bientôt 20 ans à deux dans cette galère et son équipage d’artistes! 20 ans que la galerie est un laboratoire, un espace générateur où “1+1=3” . « Je cultive ma galerie, il faut faire pousser les artistes. Lorsqu’il y a surgissement de l’oeuvre, je l’emmaillote et la confie à un collectionneur. » Assistante, accoucheuse, historienne, préparatrice, c’est ce que l’on retient de ces rendez-vous qui ont jalonné la carrière de Nadia Vilenne. Si le surréalisme cher à Breton – et dont le nom de la galerie est inspiré – est un mode de vie, fait de pérégrinations hasardeuses, l’on ne peut qu’être heureux d’avoir eu ce rendez-vous avec elle.
Aliénor Petit
Photo : J.-M. Botquin
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