December 2017 /269
Pourquoi l'immigration?21 questions que se posent les Belges
Jean-Michel Lafleur, chercheur qualifié au FNRS-ULiège, et Abdeslam Marfouk, chercheur à l’IWEPS et à l’ULiège, publient un livre intitulé Pourquoi l’immigration ? 21 questions que se posent les Belges sur les migrations internationales au XXIe siècle. Disponible gratuitement sur la plateforme ORBi, cet ouvrage destiné au grand public veut identifier l’opinion des Belges sur plusieurs questions liées à l’immigration et répondre aux clichés et stéréotypes sur base de données scientifiques.
DIVERSITÉ DE CHIFFRESSelon les auteurs, il était nécessaire de répondre aux questions les plus fréquentes. « À plus forte raison parce que nous sommes persuadés que, de l’école au lieu de travail en passant par la cellule familiale, il est devenu difficile de parler de ce sujet qui polarise et crée des conflits. Or ne plus en parler renforcera immanquablement les préjugés et les stéréotypes. » L’ouvrage a donc pour vocation de fournir au public en général, y compris les journalistes et les décideurs politiques, une série de clés pour discuter plus rationnellement de l’immigration. « Quoi que l’on pense de la politique d’asile belge en vigueur actuellement – qui consiste à limiter autant que possible les flux migratoires entrants –, il reste que, pour justifier cette limitation, d’aucuns utilisent une série d’arguments incorrects ou parcellaires, relève le sociologue. Ainsi, lorsque l’on avance que la Belgique n’est pas en mesure de recevoir davantage de demandeurs d’asile parce que le coût serait insupportable pour nos finances publiques, les chiffres démontrent le contraire. » Et l’ouvrage d’indiquer que, bien que les Belges soient préoccupés par l’impact de l’arrivée des demandeurs d’asile sur le budget de l’État, l’enveloppe allouée en 2015 à Fedasil, l’agence fédérale en charge de leur accueil, ne représentait que quelque 300 millions d’euros, soit 0,14 % des dépenses des administrations publiques cette année-là.
LES BELGES, CES MIGRANTSAbdeslam Marfouk et Jean-Michel Lafleur concluent leurs “21 questions” en clin d’œil, relevant que près d’un demi-million de Belges vivent actuellement à l’étranger et sont eux-mêmes des migrants. Il s’agit d’une migration essentiellement européenne, concentrée dans les pays limitrophes de la Belgique. « La Belgique est en réalité un pays de circulation plus que d’immigration, constate Jean-Michel Lafleur. Elle accueille une immigration elle-même avant tout et majoritairement européenne, mais elle voit aussi plusieurs milliers de personnes, belges et étrangères, la quitter chaque année. Les flux migratoires vont dans les deux sens. Il serait bon pour la Belgique de reconnaître plus clairement cette émigration et cesser de se voir uniquement comme un pays d’accueil. Elle est un pays que l’on rejoint mais aussi que l’on quitte. »
Patrick Camal
Photo portrait : J.-L. Wertz
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