Décembre 2017 /269
L’Université au cœur du processusDéveloppement régional
Connaissez-vous Eurogentec ? Fondée en 1985 par le Pr Joseph Martial, l’ancienne start-up de l’université de Liège spécialisée dans la conception de réactifs et de kits pour la génomique et la protéomique s’est hissée au rang de société internationale. Son succès est un bel exemple de réussite fondée sur l’alliance de la science et de l’entreprise. Ce n’est pas le seul exemple d’association réussie. L’université de Liège, dès sa naissance, a eu partie liée avec sa ville éponyme. Au début du XIXe siècle, trois fées – l’industrie, la finance et le savoir – ont jeté leur dévolu sur la Cité ardente. Cockerill, la Société générale et l’Université ont constitué un véritable trio gagnant qui a propulsé la ville sur le devant de la scène : en 1905, Liège faisait partie des cités les plus riches d’Europe. VALORISATIONÀ l’heure actuelle, le plan stratégique adopté par l’Université coïncide avec celui d’autres grands acteurs liégeois qui œuvrent pour le redéveloppement économique : le GRE, Meusinvest, la Spi, etc. L’ULiège assume son rôle à cet égard. Avec la création de spin-offs, de start-ups, les dépôts de brevets et de licences, Verdir®, Reverse Metallurgy, etc., l’Université valorise ses compétences, ses résultats de recherche et, indirectement, crée de l’emploi. « À mon sens, il faut continuer de susciter l’esprit d’entreprendre dans notre Alma mater, expose Éric Haubruge, premier vice-Recteur. C’est d’ailleurs dans cet objectif qu’œuvre le VentureLab à HEC Liège, c’est dans cette optique que nous avons mis en place le fonds “Boost” afin de d’apporter un coup de pouce financier aux chercheurs (et à tous les membres du personnel qui auraient une idée à valoriser). Deux dossiers ont déjà été sélectionnés par un premier jury : “Communicare” dans le domaine de la santé et “Beer Factory” dans le secteur du Food Tech. » Dans le domaine médical, les résultats de recherches du Giga, du CIP, CIRM, etc. et la constitution du Pôle santé liégeois s’imposent comme des atouts capables de séduire les investisseurs et les entreprises biomédicales. Les secteurs du spatial et des matériaux sont construits selon le même schéma de collaboration avec les entreprises. L’ambition étant, in fine, de faire profiter la société des avancées scientifiques et technologiques. Avec un retour pour l’Université. « Le partenariat “public-privé” en matière d’innovation donne de la visibilité à nos équipes ; il favorisera les contacts avec les institutions étrangères et permettra d’attirer les chercheurs du monde entier », poursuit le premier vice-Recteur. Cette démarche proactive de partenariat “public-privé” place aussi l’ULiège en ordre utile pour les financements européens, lesquels seront de plus en plus attribués aux projets présentés conjointement par des chercheurs et des entreprises… WIN-WIN« Dans l’économie de la connaissance et de l’Open innovation, l’Université doit également se profiler comme un carrefour d’idées, de savoirs et de compétences, renchérit Éric Haubruge. Elle peut mettre un large éventail d’expertises au service de sa région. » Conseiller les communes en matière d’urbanisme, les entreprises en matière d’investissements durables ou d’innovation, proposer des formations continues dans divers domaines (soft skills, neuro-marketing, intelligence artificielle, etc.), tels sont quelques exemples de compétences qu’elle peut mettre à disposition. « Le numérique va bouleverser toute la vie professionnelle, continue Éric Haubruge. Il faudra s’adapter au changement, former les cadres et les travailleurs à de nouveaux métiers, repenser les politiques de ressources humaines et l’organisation du travail, faire montre d’un savoir et de positions critiques. Plusieurs métiers devront être redéfinis comme celui d’expert, d’avocat, d’ingénieur, de professeur… » L’Université elle-même – sa situation au centre-ville, ses campus verts et son parc scientifique – est un atout dans une région qui veut attirer de nouveaux investisseurs à la recherche de laboratoires performants et… d’un environnement de qualité. « D’où l’enjeu majeur des institutions culturelles, conclut le premier vice-Recteur. Elles participent indéniablement à la qualité de vie et au bien-être des habitants. Je suis certain que les chercheurs ont également un rôle important à jouer en matière de culture dans le développement régional. Le nouveau Digital Lab de la province de Liège ou le Forum international IMPACT au Théâtre de Liège, rassemblant chercheurs, artistes et entreprises, l’ont encore démontré récemment. » Croiser la culture du savoir – au sens large – et la culture de l’entreprise dans un respect mutuel permettra, d’une part, la création d’emplois et, d’autre part, l’éclosion de projets innovants dans les secteurs de la culture et des nouvelles technologies.
Patricia Janssens
Photo : J.-L. Wertz
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