Depuis la plus haute Antiquité, les astronomes ont cherché à comprendre pourquoi le cosmos est organisé et non pas chaotique, et les musiciens à expliquer pourquoi il y a de la musique et non pas du bruit », a écrit l'astrophysicien et artiste Dominique Proust. De tout temps, astronomie et musique ont entretenu des liens particuliers. « C'est d'ailleurs un compositeur astronome, William Herschel, qui a découvert Uranus en 1781 », précise Yaël Nazé, astrophysicienne au département astrophysique-géophysique-océanographie de l'ULg.
Au cours des siècles, de nombreux scientifiques ont recherché la musique des sphères : « Johannes Kepler prétendait que l'Univers était soumis à des lois harmoniques et a attribué à chaque planète un thème musical particulier, ce qui lui a permis de trouver l'une de ses célèbres lois, poursuit la chercheuse. Aujourd'hui, nous parlons surtout du "chant" des étoiles. Certaines d'entre elles "pulsent" et, si ce n'est pas vraiment de la musique, ces vibrations peuvent être transformées en sons. » Mais pour Yaël Nazé, unir mélodie et connaissance a aussi une utilité d'un autre ordre : « Sortir la science de sa tour d'ivoire, croiser les publics et, dans ce cas-ci, leur proposer un événement inhabituel. »
Représentation inédite de l'OPL
Pour commémorer le 400e anniversaire des premières observations faites grâce à une lunette astronomique, l'année 2009 fut placée sous le signe de l'astronomie.
Sous l'impulsion de Yaël Nazé, l'ULg et l'Orchestre philarmonique se sont donné la main pour créer, le 26 septembre prochain, un événement unique autour de l'œuvre emblématique de Gustav Holst : Les Planètes. Composée entre 1914 et 1917, cette œuvre marquante du XXe siècle dépeint, au fil des partitions, le tempérament "astrologique" (et donc non scientifique) de chaque planète du système solaire.
Magistrale, l'œuvre débute avec force et puissance par Mars, le guerrier. « Cette planète doit son surnom à son éclat d'un rouge sang bien qu'en réalité il ne s'agisse que de rouille », précise la chercheuse. Avec Vénus, l'artiste s'écarte de la vraie nature de la planète : « Elle représente celle qui apporte la paix alors qu'en réalité c'est un vrai enfer. » Le spectacle se poursuit avec grâce et volupté par l'exploration de Mercure, le messager ailé, et de Jupiter, celui qui apporte la gaîté. Vient ensuite Saturne, le mouvement préféré de Holst : « Il se fait plus lent car des planètes visibles à l'œil nu, c'est la plus lointaine. Elle représente le temps, celle qui apporte la vieillesse. » Enfin, en clôture, arrivent Uranus, le magicien, et Neptune, le mystique.
La tête dans les étoiles
Inédite, la représentation proposée par l'Orchestre philarmonique sera aussi particulière puisqu'elle intègre Pluton, un mouvement écrit par un compositeur contemporain de Holst, Colin Matthews, en 2000. « Pluton, le rénovateur [Pluto, the Renewer] s'insère après Neptune, continuant le thème musical car les deux objets sont gravitationnellement liés », explique la chercheuse. Mais Pluton, découverte en 1930 et répertoriée en tant que planète, n'en est pas une !
« Regarder le ciel a toujours été une préoccupation humaine, poursuit la jeune femme. On la retrouve déjà, il y a 4000 ans, chez les Mésopotamiens mais aussi plus tard chez les Mayas ou les Egyptiens. » La tête dans les étoiles, qui n'a jamais rêvé de ces mondes lointains peuplés de légendes ? Le 26 septembre prochain, ULg et OPL vous invitent à poursuivre la tradition, en musique.
Martha Regueiro
| Concert : Les Planètes, de Holst Samedi 26 septembre à 16h, à la salle philharmonique, boulevard Piercot 25-27, 4000 Liège. La communauté universitaire a l'occasion de se procurer des places à 10 euros. Information sur le site www.culture.ulg.ac.be (rubrique Musiques) |
tél. 04.220.00.00, site www.opl.be