Janvier 2008 /170
Janvier 2008 /170

Technologies sans frontières

Le développement durable pour tous


"Un développement qui assure que les besoins essentiels de tous puissent être satisfaits, y compris celui d'aspirer à une vie meilleure", telle est la définition du développement durable qui figure dans le rapport fondateur "Our Common Future" présenté en 1987 par la Commission mondiale sur l'environnement et le développement. C'est également dans cette optique qu'Eric Pirard, professeur à la faculté des Sciences appliquées de l'université de Liège, envisage le travail de l'ingénieur.

Au service du Sud

Froid, technicien, éloigné des préoccupations sociales, cette image de l'ingénieur est obsolète et le Pr Pirard s'attelle à le démontrer. Il y a quelques années, il crée IsF (Ingénieurs assistance internationale-Ingénieurs sans frontières), trois lettres qui en disent long sur les missions que l'ONG s'est fixées : mettre, au travers d'actions spécifiques, les compétences techniques des ingénieurs au service des communautés du Sud. Consciente du risque de dépendance et dans le souci de s'assurer de la viabilité des projets à long terme, IsF veille à prendre en compte les compétences et les technologies locales. « Il faut, prévient l'ingénieur, que les pays les moins industrialisés échappent au mythe d'une industrialisation immédiate qui aurait pour but de rattraper le développement technologique occidental par un simple transfert de technologies. »

Un effort d'adaptation est indispensable, car les besoins technologiques sont nombreux et diffèrent d'un hémisphère à l'autre. Il est donc important de favoriser la création de techniques appropriées et appropriables. « Des techniques qui répondent à un besoin spécifique maîtrisable par la population locale, respectueuse des ressources locales et de l'environnement naturel, social et économique », définit Eric Pirard. Plus concrètement, IsF offre un appui, une aide à l'évaluation de la faisabilité d'un projet ou à l'identification de besoins, des conseils et des solutions techniques. « Au départ, nous ne faisions que cela, explique le professeur, mais rapidement nous avons été amenés à nous développer. » Une autre mission de l'asbl est donc d'accompagner et de soutenir les organisations locales dans la mise en œuvre de projets sur le terrain, en particulier dans le secteur de la gestion des déchets et de l'assainissement.

Prix pour encourager les étudiants

developpement durable« Nos étudiants sont très sensibles, très ouverts à cette dimension humaine et sociale. Malheureusement sans expérience, ils ne peuvent pas être envoyés sur le terrain. Mais il existe d'autres moyens d'intervenir, comme effectuer un stage ou réaliser un travail de fin d'études (TFE) », constate Eric Pirard.

En créant un prix, IsF met ce dernier point en avant. Réservé aux étudiants régulièrement inscrits dans une université ou dans une école d'ingénieurs de la Communauté française, il récompense un travail qui démontre que les technologies les plus innovantes peuvent aussi contribuer à construire un monde plus solidaire. « Ce travail devra prouver que l'auteur a compris les objectifs sociaux et environnementaux du développement durable dans la région concernée et qu'il a essayé d'intégrer ces éléments dans sa réflexion technologique », précise le Pr Pirard. A priori, aucun secteur de la science et de la technologie n'est exclu. « Les étudiants intéressés ne doivent pas hésiter à nous contacter, qu'ils aient un sujet ou non; ce ne sont pas les idées qui manquent », insiste le professeur. Cette année, c'est un étudiant de notre Université qui a remporté le premier prix. Ingénieur civil architecte, Raphaël Hennart a proposé un TFE portant sur l'analyse, l'évaluation et la comparaison de projets de reconstruction post-tsunami, le long de la côté sud du Sri Lanka. « Je dis souvent à mes élèves, conclut Eric Pirard, qu'il ne faut pas se faire engager mais s'engager. »

 

Martha Regueiro

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