
« Les Belges sont les moins entreprenants du monde. Pourtant, lorsqu’on tient un bon projet, une bonne idée, monter sa propre société est presque un jeu d’enfant. » Agnès Flémal sait de quoi elle parle. Directrice du Wallonia Space Logistics (WSL) depuis 1999, elle a vu défiler de nombreuses personnes avec des projets ambitieux. Incubateur d’entreprises présentes dans le domaine de la haute technologie, WSL facilite le développement de jeunes sociétés pendant la période de lancement, la plus vulnérable. « En général, 50% des nouvelles entreprises plongent dans les trois premières années qui suivent leur création. Avec WSL, on arrive à un pourcentage inférieur à 10% d’échec. »
Pour arriver à de tels résultats, l’incubateur fournit à ses sociétés clientes des services de soutien et de ressources allant de la guidance managériale à la planification des affaires en passant par l’obtention des financements. « Le point crucial touche à la gestion et au management, continue la directrice. Un très bon scientifique qui excelle dans son secteur peut se révéler piètre gestionnaire. Notre rôle est donc d’épauler ce genre de profils et de les former pour qu’ils puissent à terme, voler de leurs propres ailes et générer emplois et richesses au sein de leur région. » Une trentaine de sociétés ont pu voir le jour grâce à l’incubateur. Les profils des start-ups nées au sein de WSL sont en outre révélateurs du potentiel wallon : elles viennent tant du spatial que des sciences de l’ingénieur et émanent notamment des facultés des Sciences appliquées de Liège, Bruxelles et Mons.
Les hautes technologies ont révolutionné notre manière de communiquer, de se déplacer, de voir le monde. Les satellites de télécommunications, de navigation, le GPS, Galileo…, autant d’innovations qui ont pu voir le jour grâce à la pugnacité de leurs inventeurs et aux structures mises en place pour permettre leur développement. De nombreuses autres applications restent encore à inventer, tant pour le grand public que pour les applications professionnelles ou sécuritaires. Afin de permettre leur création, WSL installe une “succursale” à Redu, à côté de l’Euro Space Center. En partenariat avec Idelux, ce nouvel incubateur est mis en place pour susciter le développement et l’émergence de nouvelles activités en aval des ressources satellitaires.
Désireuse de se faire mieux connaître, WSL a profité du lancement de WSLlux pour organiser un concours auprès des étudiants proches du secteur du high-tech. Centré sur les applications Galileo/GMES et destiné aux étudiants en fin de cycle, le concours vise à mettre en avant les idées innovantes des futurs ingénieurs civils, informaticiens, chercheurs. Les meilleurs projets seront retenus et tout sera mis en œuvre pour permettre à leurs géniteurs de créer leur propre entreprise. « Les jeunes ne doivent pas hésiter à se lancer dans un secteur aussi porteur. Il est certain que monter sa propre boîte demande plus d’efforts et d’abnégation que travailler dans une société déjà existante, mais la liberté de travail est sans égal. » Convaincue que tout bon dossier peut être vecteur d’emplois et d’innovations, Agnès Flémal exhorte les étudiants ou jeunes diplômés à venir pousser sa porte et plonger dans le bain.
Reconnu au niveau international, l’incubateur wallon s’est vu récemment décerner plusieurs prix d’excellence, dont celui du premier “Soft Landings International Incubator” par le National Business Incubation Association (NBIA), première organisation au monde assurant la promotion de l’incubation d’entreprises et de l’esprit d’entreprise..
François Colmant