Un film de Ken Loach, 2007, Grande-Bretagne, 1h33.
Avec Kierston Wareing, Juliet Ellis, Leslaw Zurek, Colin Coughlin, etc.
A voir aux cinémas Churchill et le Parc
Parce qu’elle a refusé les avances scabreuses de son patron, Angie se fait virer. Energique et ambitieuse, elle propose alors à sa colocataire Rose de monter leur propre cabinet de recrutement. Mais pour y arriver, il faut parfois friser l’illégalité. Le monde de l’emploi dans la société anglo-saxonne d’aujourd’hui est parfois plus que nébuleux…
Prix du meilleur scénario au festival du film de Venise, It’s a free world est, comme toujours chez Ken Loach, une critique sociale contemporaine britannique. Ici, le point de départ du scénariste Paul Laverty est la constatation de l’accroissement ces dernières années du travail temporaire. En effet, depuis l’élargissement de l’Europe en 2004, des milliers de travailleurs immigrants passent les frontières de la Grande-Bretagne dans l’espoir de trouver un travail à temps plein. Mais les moins qualifiés se voient attribuer les tâches que les Britanniques ne veulent pas. Ce travail est presque toujours sous-payé, lié à l’employeur par les dettes et les circonstances et surtout instable puisque les contrats sont de courte durée. La réalité est donc bien loin du discours anglo-saxon qui parle de “miracle économique” dû à l’emploi de la main-d’œuvre peu chère et disciplinée de l’ex-Europe de l’est. Ken Loach et Paul Laverty ont voulu mettre à l’écran ces personnes brimées qui se cachent sous ces statistiques abstraites et ce discours politique hypocrite voulant expulser les étrangers pour le bien du pays tout en fermant les yeux sur certains d’entre eux qui contribuent à l’économie de base.
Evitant le piège de la leçon de morale, Ken Loach se focalise sur un seul personnage, Angie, et son point de vue est du côté des oppresseurs. Angie est une femme de son temps qui, à un moment de son existence, a envie de gagner davantage d’argent et d’avoir un travail stable pour son avenir et celui de son fils. Et pour atteindre cette place au soleil, elle doit plonger dans cette jungle économique et sociale où l’esprit d’entreprise doit parfois mettre la morale de côté. Angie n’est pas non plus du côté des “mauvais”. Ses comportements tantôt égoïstes, tantôt généreux sont toujours humains. Il est donc aisé de s’identifier à la logique de cette femme moderne, mais ses actions vont devenir de moins en moins tolérables. Allier réussite et moralité dans notre société paraît de plus en plus difficile. Le réalisateur ne fait pas le procès d’Angie, mais celui du système dans lequel elle s’épanouit. Un monde libre où chacun peut choisir de quel côté il se place.
Christelle Brüll
Si vous voulez remporter une des 10 places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18 le mercredi 23 janvier, de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : quel est le titre du premier film scénarisé par Paul Laverty pour Ken Loach ?