La Gazette de Liége (édition liégeoise de La Libre Belgique) s’est livrée pendant la trêve de fin d’année à la rétrospective 2007, avec une série de regards sur la crise belge “vue de Liège”. Parmi les invités de la rédaction, les professeurs Francis Balace, historien, et Marco Martiniello, sociologue spécialiste de l’immigration. Pour le premier, assez pessimiste, la Belgique n’a jamais connu de telles exclusives dans son histoire politique, pourtant jalonnée de graves crises. Il y a une radicalisation du conflit dans la vie quotidienne, explique-t-il, avec même parfois un “ras-le-bol des Flamands” exprimé du côté francophone, qui est un fait nouveau. L’inquiétant, c’est que les Flamands de 18 ans sortent d’un environnement où le mot “belge” n’est presque plus prononcé. Il y a un estrangement des deux communautés (…). Pour l’instant, le poids des plus de 60 ans va encore garder la Flandre dans l’entité belge. On va se rabibocher jusqu’en 2009, puis on va s’observer pendant dix ou vingt ans. Moyennant des concessions de part et d’autre, le char de l’Etat belge sera maintenu, sur un volcan (26/12/2007). De son côté, Marco Martiniello relève également cette méconnaissance grandissante des communautés. Les composantes ne s’écoutent plus, ne vont plus chez l’autre et ne regardent plus ce qui s’y passe. On note des différences de stéréotypes, de programmes scolaires, de radio, de TV. Comment réunir les deux communautés? Il faut (…) favoriser les relations entre les écoliers, les citoyens de demain. Les projets ONG par-delà les frontières linguistiques et les artistes comme Arno ou Axel Red (…) ont également un rôle à jouer. La circonscription nationale constituerait aussi un élément susceptible à jeter des ponts. Il faut un accord sur le caractère intouchable de la pérennité de l’Etat belge même si sa forme est en perpétuel changement. Sans oublier, pour les Wallons comme pour les Flamands, de se rapprocher de Bruxelles, qui est la clé du problème. Une Belgique instable et problématique fragilise Bruxelles et peut pousser l’Europe à regarder davantage à l’Est ? (24/12/2007).
D.M.