Le 26e numéro de la revue Art&fact vient de paraître sous la direction de Julie Bawin, chargée de recherches FNRS à l’université de Liège. Consacré à l’art actuel et à ses institutions, il se veut une véritable réflexion sur la spécificité du statut d’artiste et de ses œuvres au sein des structures dites officielles.
Plus qu’une simple illustration, la couverture conçue par l’artiste liégeois Éric Duyckaerts et illustrant une performance présentée à la 52e Biennale de Venise, se veut, elle aussi, réflexive. « Elle tente d’engager une discussion sur les relations complexes que l’art vivant entretient avec ses institutions », relate Julie Bawin. Quant à la conception d’œuvres originales éditées pour accompagner la revue, elle a été confiée à deux plasticiens réputés pour leur approche critique du système institutionnel : Jacques Charlier et Toma Muteba Luntumbue. Le premier affirme sa foi dans l’art à travers l’affiche “Pourquoi l’art ? Et pas autre chose…”, qui n’est pas sans rappeler celles de la propagande soviétique. Elle est accompagnée d’un cd où l’artiste clame haut et fort son manifeste : « On croit lutter pour l’art, on meurt pour son marché. » Le second s’attaque, quant à lui, au stéréotype en usage dans l’art – surtout africain – en détournant le marchandising muséal et en proposant des tasses aux motifs coloniaux. Ces séries limitées, signées et tirées à très peu d’exemplaires, ont pour but de faire connaître et de mettre en évidence l’originalité d’un travail, d’une démarche, d’une réflexion sur le système artistique et son mode de fonctionnement. Elles sont également, et cela sans conteste, un merveilleux moyen de jeter un pont entre l’artiste et l’académicien, entre l’art et l’Université.
Martha Regueiro
Julie Bawin (dir). “L’art vivant et ses institutions”, Art&fact, Liège, n°26, décembre 2007.Informations : site www.artfact.ulg.ac.be