Entre l’ULg et ArcelorMittal, le partenariat persiste et signe
Les usines Cockerill et l’université de Liège partagent non seulement une même date de naissance – 1817 – mais encore une histoire liée. Sous le régime hollandais, les premières sont le bras industriel d’une région en plein développement, la deuxième en étant le bras intellectuel, notamment à travers sa prestigieuse Ecole des mines, ancêtre de l’actuelle faculté des Sciences appliquées.
Global et proactif
Les liens ont survécu aux changements dans l’actionnariat de l’entreprise (Cockerill-Sambre, Usinor, Arcelor, aujourd’hui ArcelorMittal). Mais depuis 2004, et la précision des menaces planant sur la sidérurgie, ils ont pris une orientation nouvelle, investiguant avec audace de pistes inédites. C’est désormais un “partenariat global et proactif” qui réunit ces deux acteurs majeurs d’une région pressée de reconvertir son économie. Les maîtres-mots sont résolument décloisonnement, interdisciplinarité, inventivité, originalité… et réalisme. Créer des synergies originales pour inventer l’acier de demain, plus que jamais un matériau du futur, doté de propriétés technologiques nouvelles, avec des applications concrètes socialement utiles et valorisables. Parmi ces projets innovants menés conjointement, on connaît déjà les programmes Biocoat et Evafoil. Le premier voit la réunion encore peu explorée de la biomimétique, des nanotechnologies et de la science des matériaux : comment copier sur la surface acier les procédés de la nature pour créer des fonctionnalités nouvelles à haute valeur ajoutée; aujourd’hui, le génie génétique permet d’envisager de reproduire ces procédés naturels pour mieux associer l’acier à d’autres matériaux. Plus largement, on ambitionne de créer par biomimétisme des surfaces “intelligentes”, autonettoyantes, autocollantes, fluorescentes… Le programme Evafoil exploite, lui, la technologie du dépôt sous vide par plasma (mise au point par Arceo, filiale d’ArcelorMittal) pour produire des feuilles (foils) métalliques ultraminces (quelques microns) en titane, chrome, zinc, nickel, etc. Cette collaboration a débouché fin 2007 sur le transfert à Liège, au Pôle des matériaux de Wallonie du Sart-Tilman, d’une installation de dépôt sous vide de grande dimension permettant de réaliser des échantillons de 3 m de long sur 0,5 m de large. Le projet est ainsi passé du laboratoire à un stade pilote.
Dans le dispositif R&D du géant mondial de l’acier qu’est ArcelorMittal, Liège est le leader du groupe en aciers plats pour la construction. Son centre de recherches se spécialise ainsi sur les solutions acier pour la construction. Et il a fait de l’ULg, plus particulièrement le département ArGEnCO, son université de référence pour constituer le premier réseau mondial des partenaires scientifiques du groupe ArcelorMittal dans la construction.
« Avec sa taille mondiale, ArcelorMittal a des collaborations avec de multiples universités dans le monde, mais, il a parfois des difficultés à identifier le bon partenaire. C’est pourquoi le groupe a voulu structurer ces relations », explique le Pr Jean-Pierre Jaspart, coordinateur de ce réseau, qui s’est réuni pour la première fois fin décembre 2007. « Grâce à son rôle moteur dans ce réseau, l’ULg a acquis la position enviée de “Long Term Corporate Partner” du groupe. »
16 universités européennes, nord et sud-américaines, et asiatiques ont rejoint ce réseau qui vise notamment à favoriser l’échange d’étudiants, de doctorants en co-tutelle ou de chercheurs post-doc, mais aussi de favoriser le partage de connaissances via séminaires, événements spécialisés et, bien entendu, la réalisation de projets communs de R&D.
Développement durable et sécurité
De ce point de vue, les défis technologiques sont à la mesure de la part en forte croissance de l’acier dans la construction (35 millions de tonnes en 2006 pour ArcelorMittal, son premier marché avec un chiffre d’affaires de 20 milliards d’euros). «
Le monde de la construction est aujourd’hui face à de nouveaux défis, précise le Pr Jaspart,
ceux liés au développement durable ou à la sécurité des bâtiments exposés à des actions exceptionnelles, qu’elles soient naturelles (séismes, tsunami, etc.) ou induites par l’homme (impacts, explosions, etc.). Le matériau acier est assurément apte à relever ces défis. »
D.M.
| Les projets menés en partenariat par l’ULg et ArcelorMittal feront l’objet d’une séance de présentation le mardi 19 février à 16h à Colonster, en présence des ministres Simonet et Marcourt. Contacts : département des relations extérieures, 04.366.97.08 |