
En 2004, une étude de l’Institut de conseil et d’études en développement durable (Icedd) mettait en chiffres une réalité quotidienne : 20 000 déplacements sont effectués chaque jour sur le site du Sart-Tilman*. Cette circulation, générée principalement par le personnel de l’Université, du CHU et du Parc scientifique ainsi que par les étudiants n’est pas prête de fléchir: les spécialistes prévoient, d’ici 2010, une augmentation de 30% du trafic des personnes et, à l’aune de 2015, de 3% du parc automobile chaque année... Déjà des clignotants s’allument : embouteillages le matin et le soir sur les routes principales du campus, parkings sauvages, dégradation des routes, etc. Avant de menacer le site d’un sens interdit général, l’ULg a décidé de se pencher sérieusement sur la question de la mobilité : elle vient de créer une nouvelle cellule d’études et de gestion de la mobilité et de l’urbanisme, la Cemul.
Le Pr Jean Marchal en assume la présidence**.
Le 15e jour du mois : Quelle est la mission de la cellule?
Jean Marchal : La première mission est de développer, par une approche intégrée, un plan de mobilité pour le site du Sart-Tilman (incluant le CHU et le Parc scientifique), lequel connaît à la fois des problèmes de mobilité et d’accessibilité. Sans voiture, il n’est guère aisé à l’heure actuelle de quitter la faculté de Médecine vétérinaire pour rejoindre le département de géographie, par exemple. Accéder au fonds Simenon – au château de Colonster – est presque impossible, sauf avec de bonnes chaussures de marche ! Par ailleurs, pour gagner le campus à partir de Chênée ou d’Embourg, il faut d’abord rejoindre Liège… Ce ne sont que des exemples, mais ils montrent l’étendue du malaise et expliquent le nombre sans cesse croissant de véhicules sur le site. La deuxième mission consiste à émettre des conseils relatifs aux projets spécifiques qui ne manqueront pas de voir le jour dans le domaine.
Le 15e jour : Cette situation n’est pas nouvelle…
J.M. : C’est vrai et l’ULg a – à plusieurs reprises – tenté de remédier aux problèmes : la ligne de bus 58 est née il y a cinq ans et une nouvelle liaison devrait bientôt permettre de rejoindre directement le Sart-Tilman au départ de Fléron. Mais les autorités actuelles veulent mener une réflexion de fond sur la mobilité entre les différents sites de notre Université. L’air du temps incite aux comportements civiques en matière de respect de l’environnement et, à mon sens, notre Institution doit proposer des pistes nouvelles dans ce secteur… en montrant le bon exemple.
Le 15e jour : Connaissez-vous un campus similaire qui a résolu le problème de la circulation ?
J.M. : Personnellement, je pense souvent à l’accessibilité au campus de Nantes qui a donné la priorité au transport en commun : tout est fait pour favoriser le tram au détriment de la voiture personnelle. Croyez-moi, cela donne des résultats !
Le 15e jour : Allez-vous rendre payantes les places de parking ?
J.M. : Je ne crois pas, car cette mesure serait très impopulaire et nous devons veiller à l’attractivité de l’Université. Mais différents scénarios sont à l’étude pour proposer des solutions adéquates seules capables de modifier nos comportements. Un exemple ? Le Conseil des sites et de l’urbanisme recommande de ne plus construire un seul parking sur la colline, ce qui va inévitablement compliquer la vie des automobilistes. Nous devons dissuader l’utilisation de la voiture en favorisant les transports peu (ou pas) polluants et en proposant des synergies intéressantes. Pourquoi ne pas mettre en place des navettes à partir des gares d’Angleur et de Tilff vers le campus et le CHU ? Un autre système de navettes pourrait aussi desservir tous les bâtiments du Sart-Tilman en liaison avec les implantations universitaires de la ville. Toutes ces mesures sont à l’étude afin de préserver la qualité de vie au Sart-Tilman et y assurer une plus grande convivialité.
Propos recueillis par Patricia Janssens
* Etude de l’Icedd : disponible sur le site
http://mobilite.wallonie.be/opencms/opencms/fr/Initiatives/pde/pmza.html
** La cellule est située au département Argenco – secteur transport, logistique, urbanisme et conception. Elle est composée d’une cellule permanente – Bernadette Babilone et Philippe Hannocq (ULg), avec l’aide d’Anne-Catherine Geurts (CHU) – laquelle est chapeautée par un comité de pilotage composé de François Ronday, administrateur de l’ULg, Jean-Claude Cornesse, conseiller du Recteur, le Pr Pierre Duysinx (ULg), Christian Evens (ARI), Robert Moray (CHU), Fabienne Roberty (SPI+) et Fabienne Hocquet (Interface).