Cette année, Ariane est mise à l’honneur dans la Cité ardente. Ariane, la fusée européenne dont sept vols sont programmés en 2008 pour lancer une douzaine de satellites, dont le vaisseau “Jules Verne” chargé de ravitailler la station spatiale internationale. Liège préside la Communauté des villes Ariane (CVA) durant 2008. Cette association, qui fêtera en juillet prochain une décennie d’actions en Europe et en Guyane, a pour principal objectif « de communiquer aux jeunes l’enthousiasme de la coopération internationale dans le contexte du transport spatial », comme le définit son délégué général, Juan de Dalmau, représentant Barcelone. Elle vise par ailleurs à construire des liens à long terme entre les villes membres, à faire connaître la Guyane française et son port spatial européen.
L’originalité de cette communauté est d’associer des “couples” ville-industrie qui participent à l’odyssée d’Ariane. Depuis décembre 2001, la ville de Liège et son Université, la commune de Herstal et Techspace Aero ont rejoint la CVA qui compte aujourd’hui 40 associés dans six pays européens (Allemagne, Belgique, France, Espagne, Italie, Suisse) et dans le département français de la Guyane. Soit 19 villes, 18 entreprises, trois agences spatiales. Le quatuor liégeois, dès ses débuts à la CVA, fait preuve d’un beau dynamisme dans des activités éducatives (école d’été pour les étudiants universitaires, réseau d’échanges) sous l’impulsion du Pr Jean-Luc Bozet, de la faculté des sciences appliquées de l’ULg.
Le programme de la présidence CVA 2008 de Liège entend, pour son bourgmestre Willy Demeyer, « rapprocher les citoyens et les étudiants du domaine spatial ». Ses points forts seront notamment, le Conseil des maires, les 8 et 9 avril, avec visite du Centre spatial de Liège et du laboratoire d’essais cryogéniques de l’ULg, avec présence d’astronautes et de cosmonautes, et, en octobre, outre l’exposition “Liège à l’heure de l’Europe spatiale”, une conférence de Philippe Busquin sur le rôle de l’Union européenne dans l’espace, les Space Days de Wallonie Espace sur le thème des microsatellites.
Et le meilleur est pour 2009 : il est question que l’une des huit fusées Ariane 5 qu’Arianespace veut lancer pour des clients commerciaux soit parrainée par la Cité ardente ! Elle décollera de Kourou en présence d’une délégation liégeoise qui plantera un arbre-symbole au Centre spatial guyanais. Ce sera la fête spatiale à Liège, avec des vidéotransmissions en direct en différents points de la ville et chez Techspace Aero. Par ailleurs, l’an prochain, entre mai et novembre, le Belge Frank De Winne doit, aux côtés de cinq astronautes des Etats-Unis, de Russie et du Canada, effectuer une mission de six mois dans la station spatiale internationale avec des expériences préparées par des laboratoires de l’ULg. Et si le projet se poursuit comme prévu, le “cubesat” Oufti-1 de Liège évoluera autour de la Terre…
Page réalisée par Théo Pirard
| De la Terre à l’espace : des expériences à vivre, le mercredi 9 avril, à 9h. Rencontre, organisée par RéjouiScience sous les auspices de l’Euro Space Society, entre six astronautes (Loren Acton, Jean-François Clervoy, Frank De Winne, Dirk Frimout, Dorin Prunariu, Mario Runco) et des scientifiques spécialisés dans le domaine spatial. Aux amphithéâtres de l’Europe, salle 604, Sart-Tilman. Contacts : inscriptions au tél. 04.366.96.96, courriel sciences@ulg.ac.be Cette opération est couplée avec les concours “Faites le pont” et “Ça plane pour toi” qui auront lieu le 9 avril dans l’après-midi à la faculté des Sciences appliquées (B52). Contacts : tél. 04.366.93.58, courriel jfdemonceau@ulg.ac.be, site www.argenco.ulg.ac.be/accueil.php |
L’ESA, vous connaissez ? Il s’agit de l’Agence spatiale européenne. La Belgique la considère comme son agence : son programme d’astronautique – quelque 160 millions d’euros – s’inscrit à 90 % dans le budget de l’ESA. Ce que vous savez moins c’est que l’agence est bien présente au sein de notre Université. Dans trois laboratoires, avec des équipements technologiques qui servent à des recherches de haut niveau sur le plan international : les importants moyens d’essai (cuves sous vide, pots vibrants) du Centre spatial de Liège (CSL); les bancs de tests cryogéniques de la faculté des Sciences appliquées destinés à vérifier et à valider des éléments et matériaux des lanceurs européens; le séparateur à distillation rotative de l’air qui, au laboratoire de thermodynamique, prépare un équipement essentiel pour le futur système réutilisable de transport des satellites.
« Le spatial constitue un domaine d’excellence à l’ULg, une fusée à trois étages qui fait décoller l’activité de la Région wallonne dans l’espace », a rappelé le recteur Bernard Rentier, au cours de la présentation de la présidence liégeoise CVA 2008. Premier étage : l’enseignement, avec l’offre exclusive, en Communauté française, de deux masters à orientation spatiale (sciences, ingénieur civil). « Il y a un effort à faire auprès des 12-13 ans pour les convaincre à prendre ces pistes, certes dures mais enthousiasmantes, car elles font toucher à l’infiniment grand, au “nec plus ultra” de la technologie. »
Le volet recherche forme le deuxième étage : outre le Centre spatial de Liège (CSL) spécialisé dans l’instrumentation spatiale et ses essais, on a l’Institut d’astrophysique et de géophysique (IAGL), le département aérospatiale et mécanique, le site d’essais cryotechniques, le département géomatique surfaces, les télécommunications et l’imagerie à l’Institut Montefiore… Le troisième étage de la fusée ULg consiste dans les retombées technologiques sur le plan économique grâce à l’innovation mûrie au sein de l’incubateur Wallonia Space Logistics, implanté près du CSL, et avec la valorisation des travaux de recherche dans des spin-offs high tech.
L’Université est active dans l’espace. A bord de la station spatiale internationale, où vient d’être fixé le laboratoire européen et dans laquelle l’astronaute Frank De Winne séjournera en 2009, ses laboratoires sont concernés par plusieurs expériences en microgravité (biologie cellulaire, physiologie humaine, cristallisation de protéines, etc.). Elle a contribué à tirer parti du spatial en région liégeoise, en faisant éclore des PME qui connaissent la réussite internationale pour les systèmes spatiaux en Europe : le groupe Samtech (avec ses filiales GDtech et Open Engineering) et ses logiciels de modélisation Samcef, issus du laboratoire de techniques aéronautiques et spatiales (LTAS); la société Amos, spécialisée dans les équipements opto-mécaniques, les télescopes et les moyens d’essais; Spacebel, qui constitue la référence belge pour l’informatique des activités dans l’espace.
Photos (c) 2005 ESA-CNES Arianespace/Photo Service Optique Vidé CSG
Le Centre spatial de Liège – alias CSL, cœur du spatiopôle dans le LIEGE Science Park du Sart Tilman – est un établissement de recherche universitaire qui a un protocole d’accord avec l’ESA et qui coopère avec l’industrie des satellites pour les tests de systèmes spatiaux. Depuis 1975, il garantit à l’ESA l’emploi de ses facilités pour effectuer les essais poussés – dans des conditions extrêmes – des charges utiles optiques destinées aux satellites d’observation de l’Univers et de la Terre. A partir de mai, c’est le modèle de vol d’un satellite complet – Planck – qui va être mis à l’épreuve, durant deux mois, dans le simulateur Focal 5 de 5 m de diamètre.
En octobre dernier, Jean-Marc Defise, ingénieur physicien, spécialisé en instrumentation spatiale, a pris la succession de Claude Jamar à la tête du CSL. « L’année 2008 s’annonce très chargée pour le CSL. Nos simulateurs d’ambiance spatiale vont être très sollicités, après une année 2007 qui fut affectée par les retards du satellite Planck », précise-t-il. Son grand sujet de fierté est le renom du Centre comme spécialiste dans la réalisation de systèmes optiques, complexes et innovants. Il vient de terminer les instruments scientifiques du prochain satellite made in Belgium Proba-2 qui doit être lancé début 2009 pour des observations du Soleil. Le CSL prépare déjà les missions scientifiques de la prochaine décennie. Il est notamment impliqué dans l’étude des télescopes de la sonde Solar Orbiter qui, à la fin de la prochaine décennie, doit s’approcher à 35 millions de km de notre étoile.
Outre sa contribution à l’enseignement universitaire sous forme de cours et stages pour les masters sciences spatiales et ingénieur civil en aérospatiale, le CSL élargit l’éventail de ses compétences en jouant un rôle moteur dans des activités technologiques et des applications industrielles, liées au domaine optoélectronique. « L’objectif est de nous diversifier en exploitant nos équipements et nos compétences dans des domaines variés tels que les processus des revêtements et de mise en forme des surfaces, l’usage de nouveaux matériaux comme les nanotubes, les méthodes de métrologie pour les vérifications de matériels, l’automatisation de séquences de tests, l’identification rapide des déchets lors de leur recyclage, le développement de panneaux solaires plus performants… », poursuit le nouveau directeur.
Le centre participe au plan Marshall via les pôles Skywin Wallonie (avion plus intelligent et plus composite), Mecatech (procédés de fabrication, outillages). « Nous voulons, en misant sur de nouveaux partenaires régionaux, promouvoir un volet “service aux entreprises” et rompre avec l’image de centre technologique qui ne s’occupe que de projets spatiaux. Nos recherches pour l’espace restent la priorité mais leur valorisation industrielle est plus que jamais d’actualité », tient à préciser Jean-Marc Defise. Son laboratoire Solar Energy Applications, qui travaille sur les concentrateurs de lumière solaire, prend part à la révolution énergétique. Il a contribué à faire naître, au sein de WSL, la jeune pousse Sunbel qui fabriquera une nouvelle génération de panneaux photovoltaïques d’un coût moindre et d’un meilleur rendement.
Photo JM Defise: Th. P/SIC