La faculté des Sciences appliquées passe à l’action

Photo: ULg TILT Houet
Une sonnette d’alarme a retenti en faculté des Sciences appliquées lors de la dernière Rentrée académique. Si le tassement du nombre d’étudiants se lançant dans les études d’ingénieurs s’observe dans la plupart des universités depuis une dizaine d’années, un cap a été franchi en 2007 à l’ULg, avec “seulement” 144 nouveaux étudiants en 1re année de bachelier, au lieu de 170 à 200 les années précédentes. « Un véritable coup de semonce, commente Michel Hogge, doyen de la faculté des Sciences appliquées, suivi rapidement d’une prise de conscience que nous devions réagir et entamer une réflexion sur les causes particulières de cette désaffection. »
Mal informés
Certes le constat global est connu. L’enquête Pisa 2006 sur les acquis et attitudes des élèves en sciences montrent que si les jeunes francophones de 15 ans sont plutôt favorables aux questions scientifiques, leurs performances dans la maîtrise de ces matières sont plus faibles que la moyenne des pays de l’OCDE. Autre indication : si à 15 ans, les jeunes filles s’intéressent autant que les garçons aux sciences, il n’en est plus de même quelques années plus tard, au seuil des études supérieures. «
S’ajoute à ce contexte global une forme de déni des enjeux technologiques, davantage spécifique à notre région, me semble-t-il, note Michel Hogge,
alors que pourtant nous devons reconvertir notre économie. »
Récemment, les responsables de la faculté des sciences appliquées ont rencontré les professeurs de sciences de l’enseignement secondaire. Objectif : identifier les freins, les raisons d’un détournement de l’intérêt des jeunes et examiner comment réagir positivement ensemble. «
Nous sommes maintenant persuadés qu’une frange importante d’élèves a le potentiel d’entamer des études d’ingénieurs, poursuite le Doyen,
mais qu’ils s’en détournent parce qu’ils sont mal informés. »
Les actions à venir vont donc concerner deux “cibles” principales. D’abord, ces élèves qui, sans être dans les options “sciences fortes” ou “maths fortes”, poursuivent un cursus scientifique normal dans l’enseignement secondaire. «
Un tiers de nos étudiants actuels ont ce profil. Nous pouvons augmenter leur nombre », argumente Michel Hogge. Deuxième public visé : les jeunes filles. Avec 17% d’inscrites en ingénieurs, l’image d’une Faculté très masculine ne se dément pas. Pourtant les choses évoluent : sur les dix étudiants inscrits au 1er master ingénieur civil biomédical, neuf sont des filles ! «
Il y a aujourd’hui une panoplie de métiers de l’ingénieur qui permettent de mieux concilier vie professionnelle passionnante et vie familiale épanouissante. »
Dans la foulée de cette réflexion, la faculté des Sciences appliquées va également augmenter les possibilités de visites des laboratoires et de rencontres avec des ingénieurs. Trois rendez-vous sont déjà fixés dans les prochains mois, chaque service participant préparant des dossiers pédagogiques adaptés aux besoins des enseignants du secondaire. Ces visites complètent des actions comme les concours “Faites le pont”, “Ça plane pour toi” ou “Eggplosion”.
Vive les sciences
Plus fondamentalement, le doyen Michel Hogge note l’insuffisance des équipements des écoles secondaires pour montrer un visage plus concret et attrayant des sciences. D’où l’importance d’un dialogue plus approfondi encore entre ces écoles et les universités. L’enjeu est de taille. «
Dans les dix années à venir, les entreprises vont être confrontées à un double défi : le papy-boom qui va voir des sommes de compétences partir à la retraite, et, à la base, la raréfaction de compétences nouvelles », conclut Michel Hogge. Autrement dit : les diplômés ingénieurs croulent sous les offres d’emploi…
Didier Moreau