La Belgique et le Canada sont difficilement comparables : alors que quatre heures de voiture suffisent pour relier Arlon à Ostende, il faut cinq heures en avion pour gagner Vancouver au départ de Montréal. Et si la population canadienne est trois fois plus nombreuse que la nôtre, la densité belge (346 habitants/km2) contraste avec celle du Canada (3,2 habitants/km2). Quelques similitudes existent malgré tout : les deux Etats, par exemple, comprennent des communautés linguistiques distinctes (dont une parle français) et ils se sont dotés d'un même régime politique, le fédéralisme. La comparaison entre ces deux pays que tout oppose, ou presque, est dès lors pertinente. Une journée d'études y sera consacrée le 5 mai prochain.
Observer la façon dont les deux sociétés ont réglé - ou non - leurs conflits, en adoptant un système fédéral, devrait s'avérer très instructif dans le contexte belge actuel. D'autant que les points de vue exprimés par les nombreux intervenants, belges et canadiens*, risquent d'étonner. « En tant que Québécois, j'ai souvent été frappé par les différences et les similitudes entre nos deux fédéralismes, explique Bernard Fournier, chargé de cours au département de sciences politiques et organisateur du colloque avec Min Reuchamps, aspirant FRS-FNRS. La minorisation des Québécois dans l'ensemble canadien (moins de 25 % de la population totale), les aspirations identitaires et les revendications nationales des Québécois francophones me poussent souvent à me sentir "plus proche" de la réalité flamande que de celle que partagent mes étudiants... ce qui donne lieu à des échanges forts intéressants. »
Les sujets de débat ne manqueront pas : outre la protection des minorités, les chercheurs évoqueront notamment la dynamique fédérale ou le partage des compétences et les relations internationales. « Le cas canadien montre que le système fédéral est source de tension, constate Bernard Fournier. Les pressions séparatistes existent toujours au Québec. Cependant, la décentralisation ne signifie pas le séparatisme; au contraire, elle permet de le prévenir. Par contre, le gouvernement central (fédéral) demeure une entité forte. Il aurait été impossible de rester sans gouvernement pendant plus de 180 jours... »
Patricia Janssens
Colloque international sur le fédéralisme en Belgique et au Canada, organisé par le département de sciences politiques et le Centre d'études québécoises de l'ULg, Lundi 5 mai, 9h, au Théâtre universitaire royal de Liège, * Programme complet sur le site www.polliege.ulg.ac.be |