Avril 2008 /173
Carlo GinzburgLe paradigme indiciaire
©Tilt-ULg
Carlo Ginzburg a donné une conférence remarquable le 21 mars dernier à l'université de Liège. Invité par le groupe Intersection, le célèbre historien de Turin, considéré comme l'un des penseurs majeurs de sa génération (Ecole normale supérieure de Pise), a tenu en haleine un auditoire captivé. Son allocution - "Peur, révérence, terreur. Lire Hobbes aujourd'hui" - a inauguré deux journées d'études consacrées aux "Pratiques du document".
Eminent représentant de la "microstoria", Ginzburg a publié en 1976 un ouvrage qui fit date, Le fromage et les vers, mais c'est dans Traces qu'il systématisa sa conception d'un mode de connaissance par les indices - ou paradigme indiciaire - dont s'inspireraient la plupart des sciences humaines et, au-delà, toute tentative de reconstituer des séquences historiques à partir de fragments apparemment quelconques. La pratique de l'historien de l'art dans ses expertises, celle du psychanalyste dans sa démarche interprétative, jusqu'à celle du détective dans ses enquêtes, relèvent de ce paradigme indiciaire, qui trouverait son origine dans l'art des chasseurs du néolithique, déchiffrant la séquence de traces laissées par une bête. Dans la suite de ses travaux, les détails, les écarts, les marginaux - avec ce qui est apparemment insignifiant, secondaire - envahissent le devant de la scène, ce qui inverse la perspective de la démarche historienne traditionnelle.
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