Manger autrement

Consommation durable et techniques agroalimentaires

Du 27 au 30 mai, l'unité socio-économie environnement et développement (Seed)* de l'ULg accueillera sur son campus d'Arlon la deuxième conférence internationale sur le thème très actuel des relations entre la consommation durable et les techniques agroalimentaires alternatives.

Alternatives non marginales

Le concept de consommation durable dérive, on le devine, de celui de développement durable. Issu du Sommet de la terre de Rio en 1992, ce dernier recherche l'équilibre entre les aspects économiques, écologiques et sociaux dans les processus de production. Mais depuis une dizaine d'années, l'innovation se déplace de la production (on vend ce qui se produit) vers la consommation (on produit ce qui se vend). La problématique débouche ainsi sur la consommation durable, sous-tendue par une question cruciale et essentiellement politique : qui décide au nom du consommateur ? Les producteurs ? Les distributeurs ? Les politiques ? Les ONG ?

Ce transfert de la problématique a été accéléré par de récentes controverses (vache folle, biocarburants, etc.). L'illustration la plus connue de cette mouvance est le succès grandissant de l'agriculture biologique. « Ce cas démontre que les alternatives agroalimentaires ne restent pas forcément marginales puisqu'aujourd'hui les modalités d'organisation de cette nouvelle agriculture sont reprises dans une réglementation européenne, traduite dans notre politique nationale », précise Pierre Stassart, chercheur qualifié au Seed et organisateur du colloque avec Sophie Dubuisson, chercheuse au CNRS. Parmi les alternatives agroalimentaires émergentes, on peut citer les marchés fermiers, les groupements d'achat, les filières agroécologiques ou le mouvement slow food qui favorise une bio-alimentation éthique pour contrer la filière fast food.

La première conférence internationale sur la consommation durable s'est tenue à Madison en 2006. « Pour la seconde, les Américains ont manifesté leur souhait de découvrir notre milieu rural et ainsi de franchir l'importante frontière culturelle qui sépare les francophones des anglophones en matière de sciences humaines... d'autant plus que les francophones se distinguent en matière de sociologie de marché. »

Le colloque 2008 explorera la problématique de la consommation durable et des systèmes agroalimentaires alternatifs selon quatre grandes orientations : qu'est-ce qui bloque ou favorise le développement de nouvelles alternatives agroalimentaires ? Qui parle au nom du consommateur ? Quel est le lien entre la consommation et les conditions de travail pour la production ? Enfin, comment faire de la recherche autrement, dans des projets alternatifs locaux ?

Un colloque nourri

Trois contributions des chercheurs du Seed nourriront le colloque. La sociologue Mélanie Louviaux examinera comment informer les consommateurs et les intégrer à tout processus de réflexion. La problématique des pesticides servira de décor à la discussion. Pierre Stassart parlera des bœufs des prairies gaumaises - variante du modèle intensif Blanc Bleu Belge "cul de poulain"- dont l'objectif est de développer des pratiques d'élevage favorisant la biodiversité dans des zones Natura 2000. Enfin, le Pr Marc Mormont, directeur du Seed, s'interrogera sur la portée des initiatives agroalimentaires alternatives, au-delà de leur caractère minoritaire : en quoi ces initiatives soulèvent-elles de nouvelles questions sur le fonctionnement de notre système ?

« Grâce à l'implication du personnel Pato du département, le colloque a pu être organisé à Arlon, se réjouit Pierre Stassart. La qualité et le nombre des intervenants en fera, j'en suis certain, un événement. »

Elisa Di Pietro

* Université de Liège, faculté des Sciences, département de sciences et gestion de l'environnement