Respirer au large d'un caillou

Une exposition printanière à l'Emulation

Historienne de l'art et sculpteur sur pierre, Florence Fréson explique le choix de ce titre évocateur par sa prédilection pour un petit poème de François Jacqmin, tiré du Domino gris, qui "l'habite depuis de nombreuses années". En voici l'amorce :

"Lorsque la sagesse se rapproche de l'or-
dinaire, on respire aussi bien au large
d'un caillou que devant l'océan. (...)"

Quel beau programme au quotidien pour celle qui aime se confronter aux veines, aux strates, tout autant qu'aux "litho-sonorités" (elle organisa le festival de musique de pierre, en 2007, avec la complicité amicale de Tony Di Napoli).

C'est une même sobriété dans le travail - n'excluant nullement le plaisir - assortie d'une approche sensible des gens, des choses, de la nature, qui rassemble le poète et l'artiste, qu'il s'agisse de ses recherches en art monumental ou par assemblage d'éclats, de ses pierres taillées, gravées ou arborant leur "croûte-cortex", de ses ardoises, rouleaux d'écriture et empreintes sur papier. Sans oublier le florilège d'expositions variées, souvent collectives, auxquelles elle participe depuis 1976.

Florence Fréson, c'est aussi une saine curiosité pour le vivant, le minéral, le toucher; un goût prononcé pour les longues et fertiles discussions autour d'un thé fumant, d'un biscuit savoureux. Et puis cet esprit de découverte, un brin aventureux, qui la fit arpenter quelques lieux singuliers de notre planète.

Deux vers, enfin, qui lui sont chers, comme ciselés sur mesure à propos de sa démarche :
"Le strict nécessaire pour optimaliser la sensation
L'infime indispensable pour engendrer l'émotion".

L'Emulation propose, prélude aux vacances, une exposition à dimension humaine, privilégiant les petits formats. A visiter en toute intimité.

Photo © Florence Fréson