Juin 2008 /175
Lutter contre la malariaA la recherche de nouveaux médicaments
Pourquoi chercher de nouveaux médicaments à partir des plantes ? De nombreuses substances utilisées en thérapeutique dans différents domaines trouvent leur source dans le monde végétal; ainsi, la quinine issue du Quinquina et les dérivés de l’artémisinine, isolée d’Artemisia annua, sont utilisés pour traiter la malaria. Les flores non explorées du Sud restent donc une source potentielle privilégiée pour la découverte de nouveaux médicaments, notamment antipaludiques. Pourtant, malgré les potentialités pharmacologiques de ces ressources naturelles, de nombreuses espèces sont aujourd’hui en voie de disparition. Ce sont autant de sources potentielles de médicaments qui disparaissent peu à peu. La prospection de nouvelles molécules pharmacologiquement actives est donc un argument de taille pour relever les enjeux de la biodiversité et de la préservation des espèces dans leur milieu naturel. Parallèlement, on assiste à un regain d’intérêt pour l’ethnopharmacologie afin de sélectionner les végétaux intéressants pour leur étude en laboratoire.Vous avez dit ethnopharmacologie ? Il s’agit de l’exploration interdisciplinaire de l’ensemble des matières végétales, animales, minérales et des savoirs et pratiques s’y rattachant que les cultures vernaculaires mettent en œuvre à des fins thérapeutiques, curatives, préventives ou de diagnostic. Elle regroupe des connaissances issues de l’anthropologie, la sociologie, la botanique, la chimie, la pharmacologie, la médecine… Elle permet de renforcer l’identité des peuples en valorisant leurs connaissances et leurs savoir-faire dans le domaine de l’usage des plantes. La recherche de nouvelles molécules actives pour l’industrie pharmaceutique via une démarche ethnopharmacologique ne doit par ailleurs pas occulter la réelle nécessité pour les pays du Sud d’avoir à leur disposition des remèdes efficaces et accessibles permettant de se soigner. Dans leur grande majorité, les habitants des régions rurales n’ont pas accès aux médicaments modernes et ont principalement recours aux plantes médicinales locales. Ainsi, certaines espèces dont l’activité thérapeutique ainsi que l’absence de toxicité seraient validées scientifiquement, mériteraient d’être valorisées localement via, par exemple, la mise au point de “médicaments traditionnels améliorés” (MTA) standardisés. Le laboratoire de pharmacognosie du Pr Luc Angenot est actif depuis de nombreuses années dans la recherche de nouvelles substances à potentialités pharmacologiques issues du monde végétal, notamment dans le domaine de la malaria. Grâce au Dr M. Frédérich, une collaboration étroite fut établie avec le laboratoire de parasitologie du Pr Patrick De Mol afin de mettre en évidence les potentialités antiplasmodiales de plantes africaines utilisées traditionnellement dans le traitement du paludisme, notamment différentes espèces récoltées au Burkina Faso en ce qui concerne mes travaux. Dans ce pays, notre démarche ethnopharmacologique est soutenue par une structure expérimentée, l’association “Jardins du monde” (JDM). Son objectif ? Améliorer l’état sanitaire des populations du Sud grâce à l’utilisation de plantes médicinales. Sa méthodologie ? A la demande des populations locales, JDM réalise des enquêtes ethnobotaniques et recense l’usage des plantes médicinales. Dans sa démarche, elle s’intéresse d’abord aux usages populaires pour ensuite s’adresser aux tradipraticiens. Une fois cette collecte réalisée, des études scientifiques sont effectuées afin de confirmer les allégations traditionnelles et de vérifier l’absence de toxicité de ces plantes. Ces informations sont alors restituées aux populations, en particulier sous la forme de formations à la santé et de remèdes efficaces et financièrement accessibles (jardins communautaires de plantes médicinales, pharmacies de brousse). La solide expérience de notre laboratoire dans le domaine de la malaria ainsi que ses nombreuses collaborations avec différents instituts de recherche africains, notamment via l’accueil de chercheurs rwandais, congolais, guinéen, burkinabè, permettent l’étude de nombreuses plantes africaines à potentialités antipaludiques prometteuses et renforcent les liens avec le terrain. Outre les possibles découvertes en termes de recherche de nouvelles molécules actives utilisables en thérapeutique, une concrétisation plus directe des résultats de nos recherches s’avère possible via la valorisation de MTA antipaludiques dans les pays du Sud touchés par la malaria.
Olivia Jansen
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