Septembre 2008 /176
Septembre 2008 /176

Invraisemblable imbroglio

La faculté de Médecine réclame une réflexion approfondie

Samedi 23 août, le jury de 1er bachelier en Médecine a choisi d’interrompre sa délibération. Une décision inédite due, non pas à un quelconque vice de forme académique mais bien à une situation inextricable. En effet, depuis 1998, le gouvernement de la Communauté française – confronté à la volonté du gouvernement fédéral de limiter l’accès à la profession médicale – oblige les facultés de Médecine à organiser une sélection des étudiants basée sur un numerus clausus. Depuis lors, l’ULg dispose chaque année de 90 attestations de réussite ouvrant l’accès à la suite des études. Un tel système implique forcément qu’un étudiant peut avoir satisfait à toutes les épreuves… et être néanmoins “recalé” si 90 de ses condisciples font mieux que lui. C’est le principe même du concours. Cette année, ils étaient nombreux encore à constituer la catégorie des “reçus-collés”. « Ce numerus clausus a toujours été très mal reçu dans les universités, explique le recteur Bernard Rentier. Le jury s’y plie mais avec mauvaise conscience. » D’autant plus que la formule a montré ses limites : la pénurie de médecins est déjà une réalité dans certains services hospitaliers et dans les cabinets de praticiens où les patients font la file.

Or le conseil d’Etat, consulté en juillet par plusieurs de ces “reçus-collés”, vient de reprocher au jury de ne pas tenir compte du pacte international de New York de 1966, lequel invalide le principe même de la sélection par concours. « Il nous reproche en outre de ne pas utiliser toutes les ressources accordées récemment par la Communauté française, laquelle a octroyé à l’ULg 44 attestations supplémentaires pour les années 2007-2008 et 2008-2009, expose Philippe Mairiaux, président ff du jury de 1er bachelier. Nous avions effectivement décidé de ne pas pénaliser les étudiants de 2009 et donc de n’attribuer cette année que 22 attestations. Mais le conseil d’Etat estime que l’ULg doit prélever toutes les attestations autorisées (38) par l’arrêté parce que la réglementation du numerus clausus va probablement changer. »

Ces motivations ont ému les autorités de la faculté de Médecine lesquelles ont demandé au Recteur d’interroger les instances politiques sur la perennité de la règle. « Je n’ai pu leur ramener aucune garantie, aucune certitude, précise Bernard Rentier. Mais, j’ai la nette impression que, suite aux incohérences et à l’inadéquation des mesures en vigueur que nous avons mises en lumière, plus personne n’ignore le problème. Manifestement, chacun, à son niveau respectif, est décidé à bouger, et quelque chose se passera lorsqu’on disposera du cadastre des professions médicales, espérons-le, dans quelques mois. »

Fort de ces informations, le jury a décidé de délivrer la totalité des 15% des attestations que l’arrêté lui permettait de prélever sur 2008-2009. Un dernier soubresaut a encore différé la proclamation prévue le mardi 26 août, mais c’est à présent chose faite : celle du lendemain a donc permis à 128 étudiants d’accéder en 2e année de Médecine. L’ULg s’en réjouit mais continuera à lutter pour un assouplissement des contraintes en rappelant, fermement, que l’organisation d’un concours est “contre nature” pour les universités : seule l’aptitude individuelle à poursuivre des études doit être prise en compte. Comme le proclamait le pacte international de New York en 1966.

Patricia Janssens

Voir sur le sujet le blog du Recteur à l’adresse http://recteur.blogs.ulg.ac.be/
 

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