Euro de football, Wimbledon, Tour de France, Jeux olympiques… L’été 2008 a foisonné d’événements sportifs d’exception, poussant souvent les athlètes au-delà de leurs limites. Malgré leur excellente condition physique, ces sportifs de haut niveau ne sont cependant pas à l’abri d’un pépin musculaire qui peut ruiner leurs chances en compétition. Pour diminuer le risque de blessure, de nombreuses méthodes de préparation ont été mises au point. Parmi elles, l’isocinétisme.
Des mouvements appropriés
Etudié et développé depuis le début des années 90 à l’ULg, sous l’impulsion du Pr Jean-Michel Crielaard, l’isocinétisme est devenu une spécialité du département des sciences de la motricité. Son champ d’application couvre la sphère de l’évaluation musculaire de l’appareil locomoteur. Peu connue du grand public, la dynamomètrie isocinétique est un outil précieux dans le domaine de la prévention lésionnelle puisqu’elle permet d’évaluer avec précision les performances de certains groupes musculaires.
« Concrètement, explique le Pr Jean-Luc Croisier, le patient est placé sur une machine qui va solliciter certaines articulations comme les genoux ou les épaules. L’appareil mesure toutes les variables du mouvement et fournit une série de données relatives aux performances musculaires. Données qui seront ensuite analysées et permettront au médecin et au kinésithérapeute d’adapter le programme rééducatif. »
Le Pr Croisier développe depuis plus de 15 ans de nombreux protocoles liés à l’isocinétisme, lesquels ont permis de nombreuses avancées dans le suivi thérapeutique ainsi que dans la prévention des lésions musculaires. « Ces appareils évaluent d’une part la force musculaire du patient et renforcent de manière sélective, d’autre part, différents groupes musculaires. » Le principe de fonctionnement des appareils repose sur une vitesse de mouvement fixe et un asservissement de la résistance. En d’autres termes, la résistance opposée au mouvement s’adapte à la capacité de force du patient, ce qui réduit le risque de lésion.
Chouchouté par le Standard
L’isocinétisme n’a pas tardé à intéresser les organisations sportives professionnelles. En plus de fournir de manière précise le niveau des performances musculaires, la discipline apporte des informations indispensables aux staffs médicaux. « Nous n’établissons aucun diagnostic, prévient cependant Jean-Louis Croisier. Il s’agit plutôt d’une cartographie musculaire qui permet un suivi très fiable du patient dans le domaine de la rééducation. On peut ainsi mettre en évidence un déséquilibre des forces musculaires des ischio jambiers chez un footballeur et, lorsqu’une anomalie est détectée, un programme de compensation est mis en place… avant que le sportif ne se blesse. »
Cette année encore, le Standard de Liège a sollicité le département des sciences de la motricité pour évaluer la forme de l’équipe championne de Belgique. Examens qui ont permis de déceler des carences musculaires chez certains joueurs et d’y remédier rapidement. Enfin, malgré son efficacité, Jean-Louis Croisier précise que l’isocinétisme n’est « qu’une arme parmi d’autres de l’arsenal rééducatif : il ne guérit pas tout ».
François Colmant