Septembre 2008 /176
Qu’est-ce que l’homme ?
Un colloque sur l’anthropologie philosophique
Au commencement était Kant… qui résumait son projet philosophique, et avec lui une bonne part de la philosophie contemporaine, autour d’une seule question : « Qu’est-ce que l’homme ? ». Dans les années 60, Michel Foucault a pu sembler la refermer, en annonçant la mort de l’homme. Pour le philosophe français, l’homme comme catégorie fondamentale de la pensée n’aurait été qu’une invention historique du XIXe siècle appelée à s’effacer. Dans le sillage de Heidegger, Foucault s’en prenait ainsi à l’existentialisme et à l’humanisme de Sartre issus, disait-il, d’un siècle marqué par le marxisme et par la philosophie kantienne.
A l’opposé de cette disqualification, de nombreux travaux récents dans le champ de la philosophie – plus précisément de la phénoménologie – réhabilitent les travaux d’anthropologie philosophique. C’est d’ailleurs à ce thème qu’un colloque sera consacré au début du mois d’octobre. « Nous tenons aujourd’hui une bonne occasion de mettre en perspective les textes fondamentaux de la phénoménologie et de réévaluer la réception française de la phénoménologie, chez Sartre notamment, explique Grégory Cormann, assistant au département de philosophie et coorganisateur des trois journées d’étude. Plus généralement, il nous a paru utile d’apporter une clarification des usages du terme “anthropologie” dans la pensée contemporaine, tant allemande que française, philosophique ou non, dans leurs conditions d’exercice propres. »
Pendant trois jours, le colloque “Question anthropologique et phénoménologie” aura ainsi pour double objectif d’inscrire les débats phénoménologiques dans l’horizon kantien de la philosophie contemporaine et de réactiver une nouvelle fois deux siècles de philosophie continentale. A l’invitation de l’unité de recherches phénoménologies, il réunira 25 spécialistes étrangers et belges afin de faire dialoguer autour de la question de l’homme des traditions de pensée différentes. « Telle a toujours été l’ambition des membres de l’unité de recherches depuis sa création par Daniel Giovannangeli, professeur de philosophie moderne et contemporaine à l’ULg, poursuit Grégory Cormann. A l’entame de sa dernière année d’enseignement, cet hommage scientifique répondra aussi à son projet de relire les textes classiques grâce à la méthode phénoménologique. » Une occasion en or d’entendre d’éminents savants sur le sujet, parmi lesquels Gianni Vattimo, professeur à l’université de Turin, qui clôturera les travaux.
Patricia Janssens