Un film de Thomas Vincent, France, 2008, 1h39.
Avec Clovis Cornillac, Marie-Josée Croze, etc.
A voir aux cinémas Churchill, Le Parc et le Sauvenière
Entre les murs, c’est la chronique d’une classe pendant une année scolaire. 25 personnes, qui ne se sont pas choisies, doivent passer un an entre quatre murs. Jamais les trois caméras ne sortent de l’enceinte de l’école. Et pourtant, c’est un microcosme qui se déploie sous nos yeux. Composé de diverses origines, ce tout petit monde est traversé par les turbulences de l’extérieur. La classe est un monde miniature où se traitent les questions d’égalité des chances, de travail, de pouvoir, d’exclusion, d’intégration culturelle et sociale. On est donc loin d’une école “sanctuaire”.
Il y aurait des dizaines de raisons d’aller voir cette Palme d’or, véritable petit bijou désigné unanimement par le jury cannois. La première est certainement l’humour qui sous-tend le film. On rit sans jamais se moquer. Les jeux de langage entre François, le prof, et ses élèves font jubiler le spectateur : le proviseur est appelé Guantanamo, les élèves ont des difficultés avec le subjonctif imparfait et, pour l’apprentissage du mot “succulent”, on fait appel aux cheeseburgers. La deuxième qualité est certainement la justesse de ton, entre fiction et documentaire. Le scénario se base sur le livre de François Bégaudeau, professeur dans la vie et dans le film. Pour transposer le roman en scénario, Laurent Cantet a dû mettre du relief dans les situations et peaufiner les personnages. Ensuite, Laurent et François se sont rendus chaque mercredi après-midi dans un lycée du XXe arrondissement de Paris pour travailler avec les quelques élèves intéressés par le projet.
Entre les murs questionne le monde. L’autorité de l’école, des professeurs et du savoir est en perpétuel décalage avec la culture, les langues et les remises en cause de son public. Comment concilier débats démocratiques et fonctions hiérarchiques ? Dans ce film, pas de coupable. Juste des dérapages et des tensions qui montrent que le contrat égalitaire est au final une utopie. Laurent Cantet soumet son constat à notre réflexion. Face à ces quatre murs, nous restons perplexes, mais néanmoins subjugués par cette perle cinématographique à portée universelle.
Christelle Brüll
Si vous voulez remporter une des dix places (une par personne) mises en jeu par Le 15e jour du mois et l’asbl Les Grignoux, il vous suffit de téléphoner au 04.366.52.18, le mercredi 15 octobre, de 10 à 10h30, et de répondre à la question suivante : quel est le titre du premier roman écrit par François Bégaudeau ?