Novembre 2008 /178
Novembre 2008 /178

Sociologie à l’honneur

La recherche liégeoise reconnue sur la scène internationale

 

AISLF_© TILT ULG DR - D Vrancken 003
Photo: ULg - TILT Houet

Didier Vrancken

Bruxelles, 1958. Georges Gurvitch, célèbre sociologue français, et Henri Janne, professeur de l’ULB non moins renommé, décident de créer un lieu de débats pour les sciences sociales. L’Association internationale des sociologues de langue française (AISLF) est née. Organisation internationale non gouvernementale – dont le siège social est situé à l’université de Toulouse-Le-Mirail –, l’AISLF a très vite rassemblé l’ensemble des chercheurs francophones en sociologie. Plusieurs personnalités de renom telles que Raymond Aron, Renaud Sainsaulieu, Georges Balandier ou Fernand Dumont lui ont conféré ses lettres de noblesse et ont contribué à son essor. Car si le premier congrès de Bruxelles en 1958 réunissait 250 sociologues et anthropologues belges, canadiens, français et suisses, celui d’Istanbul, en juillet dernier, a rassemblé pas moins de 1250 participants.

  « L’association a franchi les frontières de l’Europe pour gagner l’Afrique et l’Amérique du Sud, précise le Pr Didier Vrancken, président de l’Institut des sciences humaines et sociales de l’ULg, tout récemment élu au poste de vice-président de l’AISLF. Elle s’est aussi ouverte aux pays non francophones. » 

Le 50e anniversaire de l’association sera célébré à l’université Paris-Sorbonne le 17 novembre prochain. Invité d’honneur, Georges Balandier (professeur émérite de la Sorbonne et directeur des Cahiers internationaux de sociologie) évoquera le développement spectaculaire des sciences sociales dans la seconde moitié du XXe siècle. « Une croissance dont témoigne l’AISLF, poursuit son nouveau vice-président. Aujourd’hui, elle compte près de 3000 membres répartis dans une soixantaine de comités de recherche qui organisent chaque année de très nombreux colloques et publient dans des revues scientifiques de haut niveau. » Tous les quatre ans, en outre, l’association met sur pied un congrès d’envergure internationale pour faire le point sur un thème particulier : en 2004, à Tours, “L’individu social. Autres réalités, autre sociologie ?”; à Istanbul cet été, “Etre en société. Le lien social à l’épreuve des cultures”. Le thème du congrès de 2012 n’est pas encore défini. La ville n’est pas encore choisie non plus. Peut-être Liège… ?

Patricia Janssens Contacts : informations sur le site www.univ-tlse2.fr/aislf 

Actualité éditoriale

 

Après Le crépuscule du social et Le travail sur soi, le Pr Vrancken (avec Laurence Thomsin) publie Le social à l’épreuve des parcours de vie, un ouvrage collectif aux éditions Academia-Bruylant qui s’interroge : dans notre société libérale, où en est notre idéal de protection des citoyens ?

  « Depuis le XIXe siècle, grosso modo, on a assisté à l’émergence de réponses sociales pour protéger la population, explique Didier Vrancken. En Belgique, l’avènement d’une protection sociale forte apparaît officiellement en 1944, en réponse aux problèmes liés à la condition ouvrière. Au cours de ces dernières années cependant, on note que les nouvelles politiques sociales s’adressent à des publics fragilisés par la montée des insécurités d’existence. » Certes, les nouvelles réponses publiques se veulent plus en phase avec les parcours de vie, les récits singuliers, la mobilisation des capacités individuelles, sans doute au prix d’un oubli de l’impératif de protection. 
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