
En 2006, Carl Havelange, maître de recherches au FNRS, présente ses photos dans la galerie de l’asbl D’une certaine gaieté, rue des Mineurs à Liège. « L’espace d’exposition, exigu et sans aucun aménagement particulier, ne me convenait pas, se souvient-il. J’ai dès lors construit une sorte de boîte, simple panneautage de bois de 8m2, entièrement peinte en blanc. Comme je le souhaitais, cette décontextualisation de l’espace, même dans un périmètre aussi réduit, ouvrait littéralement le lieu à un ensemble de perceptions nouvelles. »
La boîte survécut à cette première et devint le lieu permanent d’expositions de la galerie rebaptisée “Le Placard à balais”, clin d’œil à une réflexion de Glen Baxter à propos de l’ancienne galerie du Cirque Divers. Elle a accueilli depuis lors une quinzaine de manifestations et est devenue un lieu d’expérimentation artistique reconnu à Liège. « En contrepoint des organisations muséales monumentales, ce lieu de l’étroitesse favorise une pratique de la retenue a priori plus soucieuses d’intériorité que d’extériorisation spectaculaire, reprend Carl Havelange, désormais commissaire du lieu. Il invite également à une réflexion sur la relativité de l’espace : tout est question, non pas d’échelle mais d’un “rapport d’échelle” que les artistes interrogent. » Jamais à court d’idées, Carl Havelange imagine à présent une extension nomade de la galerie : un musée mobile en quelque sorte, dévolu à la promotion et à la diffusion des arts contemporains et allant, au sens propre, à la rencontre de publics nouveaux.
A la croisée des pratiques intellectuelle et artistique, Le Placard à balais constitue un véritable laboratoire de recherches pour son inventeur. Il nourrit la réflexion en même temps qu’il la fait vivre et confronte le chercheur en sciences humaines à la pratique de l’art.
Pa.J.