Novembre 2008 /178
Novembre 2008 /178

Erasmus Mundus

Une première à l’ULg

On connaissait l’Erasmus Belgica, ou l’Erasmus tout court. Le premier se limitant aux territoires linguistiques de notre patrie unie, et le deuxième à l’Europe élargie, il ne manquait plus qu’un troisième programme s’étendant au monde entier. Le petit dernier s’appelle donc Erasmus Mundus* qui, sans être une déclinaison poussive du célèbre cadre de mobilité étudiante, vise à répondre à cette vocation… ou presque. « Il y a quatre ou cinq ans, l’Europe a lancé ce programme pour attirer, sur son territoire, des étudiants étrangers de qualité comme le font les Américains depuis des années », rappelle Jean-Pierre Gaspard, professeur de physique et coordinateur de l’Erasmus Mundus en physique et chimie.

Erasme épouse Shakespeare

Attirer les étudiants pour une année d’études, et les ferrer en vue d’une thèse ou d’un projet de recherche, telle est la pierre philosophale des laboratoires Outre-Atlantique. Et puisque ce procédé n’est pas breveté, c’est au départ du réseau d’excellence européen Fame (Functionalised Advanced Materials and Engineering), consacré aux nanotechnologies et aux nouveaux matériaux, que neuf universités ont créé un master de deux ans valorisant ces domaines de pointe, destiné moitié aux étudiants européens, moitié à ceux du reste du globe. Après une première année effectuée soit à Augsbourg soit à Grenoble, les étudiants doivent, pour la seconde, choisir une destination différente sur un menu universitaire auquel s’ajoutent Aveiro, Bordeaux, Darmstadt, Louvain-la-Neuve et Liège. La récompense ? Un double diplôme délivré par les deux universités, après un mémoire réalisé sous la responsabilité de leur première institution d’accueil.

Si cette nouvelle initiative, soutenue par la Commission européenne, s’écarte de l’image hédoniste de la coopération et de la mobilité dépeinte au cinéma, elle s’en distingue aussi en ce qui concerne la mosaïque linguistique. Les cours suivis par les quatre étudiants (deux Français, une Indienne et une Sud-Coréenne) accueillis pour leur 2e master en physique et en chimie, sont en effet uniquement dispensés en anglais, le langage qui prévaut sans conteste au sein de la communauté scientifique mondiale. « Et du coup, les étudiants de maîtrise de l’ULg qui ont ces cours en commun avec eux les suivent dans la même langue, approuve le Pr Gaspard. Plus qu’un effet collatéral, il s’agit d’un très grand service que l’on rend à nos étudiants qui renâclent à effectuer une partie de leur cursus à l’étranger. » Mais les professeurs maîtrisent-ils eux-mêmes suffisamment ladite langue pour rendre un véritable service aux étudiants ? « En ce qui me concerne, je donne la moitié de mes cours en anglais, embraye le coordinateur. J’ai donc demandé à deux professeurs de l’ISLV de m’évaluer après avoir assisté à l’un de mes cours. Outre mon accent perfectible, ils n’ont pas trouvé que je plombais les acquis des étudiants. D’ailleurs, la majorité de nos professeurs parlent un anglais décent, qui n’a pas pour ambition de ressembler à celui d’Oxford. »

Avis aux candidats

Sélectionnée parmi 200 candidats non européens, Rakhi a bénéficie d’une bourse pour quitter New Dehli. La moitié servira à couvrir ses frais d’études, cette année à Liège. Et s’ils touchent nettement moins d’argent qu’elle, ses 20 autres condisciples de ce programme Erasmus Mundus (comptant au total 40 bourses) qui habitent en Europe ne sont pas impécunieux pour la cause. Tous louent en tout cas cette opportunité formative, linguistique et culturelle, pour laquelle les dossiers d’inscription sont attendus jusqu’à la fin du mois de mai prochain.  

 

F.T.

 

 * Informations sur le site http://ec.europa.eu/education/programmes/mundus/index_fr.html

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