Hervé Degée est chercheur qualifié au FNRS et chargé de cours adjoint au département Argenco de la faculté des Sciences appliquées. Il est l’actuel président du Conseil universitaire du personnel scientifique (Cups) de l’ULg.
Le 25 novembre prochain, le Cups fêtera ses 40 ans aux amphis Bacq et Florkin de la faculté de Médecine. Créé dans la mouvance de Mai 68, ce comité a pour rôle principal de coordonner les représentations du personnel scientifique au sein de l’université de Liège. A l’heure actuelle, il est composé d’une petite trentaine de personnes, soit deux représentants par Faculté, Ecole et Institut. Son bureau comprend un président, un vice-président (Gérald Purnelle) et une secrétaire permanente (Claire Martin). Le Cups travaille en étroite collaboration avec les représentants du personnel scientifique au Conseil d’administration et avec les présidents du conseil scientifique de chaque Faculté. L’objectif étant de faire entendre la voix des chercheurs dans tous les domaines de la vie universitaire.

Le 15e jour du mois : Comment définir le personnel scientifique ?
Hervé Degée : La dénomination “personnel scientifique” désigne les chercheurs qui travaillent à l’université de Liège mais qui ne sont pas “académiques”. Pour vous donner une idée, ils sont pour l’instant un peu moins de 3500 dans notre Alma mater : c’est donc un groupe particulièrement important. Mais c’est aussi un groupe très hétérogène et fluctuant, ce qui constitue à la fois sa force et sa faiblesse. Parmi le personnel scientifique, on trouve principalement les assistants temporaires et chefs de travaux (1800 personnes), les membres du FNRS et autres fonds associés (350) et les chercheurs “sur conventions ou prestations” (1200). L’ensemble constituant un patchwork bigarré sur lequel s’appuie pourtant l’Université dans chacune de ses missions. Que font ces chercheurs ? De l’enseignement (encadrement de séminaires et travaux pratiques, voire cours ex cathedra pour les plus expérimentés), de la recherche et des tâches “de citoyenneté”. Exactement ce que font les académiques, en somme !
Le 15e jour : Quelle est l’action du Cups ?
H.D. : Dans la mesure où les scientifiques sont associés très étroitement à toutes les missions de l’Université, le Cups entend participer à la réflexion sur les différentes questions qui la concernent. Pour prendre quelques exemples récents, il a participé à la mise en place des départements ou encore à l’application du décret de Bologne. Il a également comme objectif de donner à chacun une familiarité réelle avec le fonctionnement de l’institution universitaire et de constituer une plateforme où les différentes sensibilités facultaires peuvent se côtoyer. Je pense cependant que l’utilité première de ce conseil réside dans sa volonté d’entendre les demandes et besoins du personnel scientifique. Cela signifie aussi qu’il tente de soutenir le personnel scientifique dans ce qu’il fait concrètement. La séance d’anniversaire du 25 novembre est organisée dans cet esprit. Nous avons choisi d’interpeller le Recteur sur quatre points qui posent question parmi les scientifiques : leur représentativité au sein des différents organes de l’Université (sujet particulièrement d’actualité au vu du projet de réforme institutionnel présenté le mois dernier), les missions des scientifiques, la formation du personnel scientifique – et tout spécialement la formation doctorale et les formations pédagogiques – et enfin la carrière.
Le 15e jour : Parlons de la carrière…
H.D. : Dans notre Institution, certains chercheurs ont un parcours professionnel de longue durée, même s’ils passent par divers statuts et sources de financement. Aujourd’hui, plus de 50 % du personnel scientifique à plus de 35 ans ; près de 20 % ont plus de 50 ans. Si certains d’entre eux perçoivent leur salaire du budget ordinaire, d’autres sont rémunérés par le Patrimoine de l’ULg, sans compter les chercheurs FNRS qui perçoivent leur écot… du FNRS. Evidemment, à fiches de salaire différentes, barèmes différents, possibilités de promotion différentes… bref, carrières différentes !
Or, comme je l’ai dit tout à l’heure, les “scientifiques”, comme les “académiques”, font de la recherche, donnent des cours et s’inscrivent dans la société. Pourquoi dès lors ont-ils un statut différent ? La proposition de créer une carrière unique, avec un nouveau grade académique – le “docent”– a déjà été avancée pour le personnel relevant du budget ordinaire. Le Recteur n’y est pas opposé, mais manifestement le gouvernement de la Communauté française n’en fait pas une priorité.
Toutes les situations ne relèvent pas de l’urgence, évidemment. De plus, les mandats définitifs ont fait leur réapparition à l’ULg sous diverses formes : logisticiens (pato), “experts” ou “assistants de langues”. Mais la condition des chercheurs qui travaillent – depuis plusieurs années parfois – sur des conventions de recherche est plus préoccupante. Certains enchaînent les contrats précaires financés par des entreprises ou des bailleurs de fonds (les fameux art. 63) tels que la Région wallonne, l’Europe, etc. Ils sont très nombreux et ne bénéficient d’aucune perspective de carrière. Travaillant à temps plein sur un projet pour lequel ils sont rémunérés, ils ne peuvent parallèlement poursuivre une recherche personnelle. Auteurs de rapports, voire de brevets, ils ont peu de possibilités d’étoffer valablement un dossier scientifique au sens classique du terme, ce qui les pénalise ensuite. Certaines unités de recherche – en bonne santé financière – sont parvenues à proposer des contrats à durée indéterminée. Mais les autres ? Pour mettre fin à cette carrière “mercenaire”, d’aucuns proposent de constituer un fonds spécifique afin de mutualiser les risques, ce qui permettrait de proposer des CDI aux chercheurs méritants. Une commission “carrière”, présidée par le vice-Recteur, est en place afin de démêler cet écheveau administratif. Ce sujet sera bien sûr débattu avec le Recteur le 25 novembre prochain.
Propos recueillis par Patricia Janssens
Photo: ULg - Jean-Louis Wertz
Le 25 novembre à 16h, aux Amphis Bacq et Florkin de la faculté de Médecine (bât. b35).
Entretien avec le Recteur Bernard Rentier.
Contacts: tél. 04.366.56.05 ou 04.366.92.85, courriels cmartin@ulg.ac.be ou H.Degee@ulg.ac.be, site www.ulg.ac.be/cups