Qualité de l’enseignement supérieur

L’Agence d’évaluation va permettre une meilleure visibilité de nos établissements

Soucieuse de satisfaire aux exigences de l’Union européenne (UE) en matière d’enseignement, la ministre Marie-Dominique Simonet n’a pas hésité à réformer l’Agence d’évaluation de la qualité de l’enseignement supérieur (AEQES). Un décret paru en février 2008 en atteste : l’Agence, qui répond maintenant aux critères de l’European Network for Quality Assurance in High Education (ENQA), est sur les rails. Avec le Pr Freddy Coignoul aux commandes. 

Le Pr Freddy Coignoul, nouveau Président de l'AEQES

 Rétroactes 

Tout part du décret de Bologne. Souvenez-vous : l’UE affiche alors – nous sommes en 1999 – sa volonté de clarifier l’offre des formations supérieures. Outre la réforme “3-5”, elle impose à chaque Etat membre de mettre sur pied une agence indépendante chargée d’évaluer la qualité des formations. En Communauté française de Belgique, l’Agence fut portée sur les fonts baptismaux en 2004. « Elle souffrait cependant de quelques erreurs de jeunesse, commente le Pr Coignoul. Le décret de février va lui permettre à présent de fonctionner selon les modalités prescrites par les autorités européennes. » 

Sans entrer dans les arcanes administratifs, notons qu’elle a gagné en indépendance vis-à-vis du gouvernement de la Communauté française, qu’elle est présidée par un représentant d’une Université ou d’une Haute Ecole et qu’elle dispose d’une cellule exécutive. Son comité de gestion, composé de 25 membres, élit le président et le vice-président (Anne-Marie Moniotte, directrice de la Haute Ecole Helmo). Notons aussi que le fonctionnaire dirigeant la cellule exécutive, Cathy Duyckaerts, a été directrice de l’Institut d’enseignement de promotion sociale de la Communauté française à Uccle. 

L’objectif premier – rappelons-le une fois encore – est bien d’évaluer la qualité de notre enseignement supérieur, « non de sanctionner ni d’opérer un classement », insiste le nouveau président. L’Agence a pour mission de garantir le développement de la qualité des cursus de tous les établissements et de faire des propositions en vue d’accroître la cohérence de l’offre générale. « Nous avons le devoir d’informer le gouvernement, continue le Pr Coignoul, mais nous avons aussi un droit d’initiative et je serai attentif à formuler des suggestions pour améliorer la qualité globale de notre enseignement supérieur. » Car l’enjeu n’est pas communautaire, il est européen. « Il y a 16 millions d’étudiants en Europe et 4000 institutions, observe Freddy Coignoul. En Communauté française, 160 000 étudiants se répartissent dans un grand nombre d’établissements. Pour exister sur la carte européenne, nous devons faire preuve de la qualité de nos formations et leur assurer une visibilité maximale. » 

A l’heure actuelle, l’Agence organise, de manière transversale, l’évaluation des 1er et 2e cycles. « Nous faisons en sorte que les mêmes experts examinent toutes les formations d’une filière, reprend le Pr Coignoul. Et nous sommes en train de revoir la liste d’indicateurs pour mesurer, de façon spécifique, la qualité de chaque cursus. » Un rapport sera ensuite remis aux établissements, relevant points forts et points faibles. Fait nouveau – selon les termes du décret, l’évaluation est à présent obligatoire pour tous les enseignements et le rapport des experts sera mis en ligne de façon à informer largement le public. « Si une direction s’y oppose, précise le Pr Coignoul, une mention du style “l’établissement refuse de mettre le rapport d’évaluation en ligne” sera indiquée sur le site. » 

L’union fait la force 

Il y a quatre ans, la création de l’Agence avait, inévitablement, généré quelques tensions entre les opérateurs d’enseignement, mais les réunions se succédant dans une ambiance constructive, elles se sont apaisées graduellement. Et la désignation de deux Liégeois à des postes importants en constitue sans doute une preuve…

Patricia Janssens

Contacts : informations sur le site www.aeqes.be