Ce n’est pas souvent que notre Alma mater voit naître dans son giron une spin-off qui, à force de persuasion auprès d’une kyrielle d’investisseurs, peut aujourd’hui s’enorgueillir d’un capital de départ de 8 500 000 euros. Une première levée de capitaux qui vient de propulser Okapi Sciences dans la cour des sociétés biopharmaceutiques belges, où elle sera la première à développer des médicaments antiviraux destinés à des applications vétérinaires.
Créée à l’initiative de la KULeuven avec le soutien de l’ULg et de l’OICB de l’Académie des sciences de Prague, cette spin-off est le fruit d’une collaboration inédite entre les universités louvaniste et liégeoise. Emmenée par l’ex-corporate officer d’Avantium Technologies, Erwin Blomsma, ici à la tête d’un board dont la jeune entreprise n’a pas à rougir, Okapi Sciences élaborera une gamme de médicaments destinés au traitement et à la prévention d’affections virales. Pour l’heure, il n’existe pas de moyens antiviraux à même de combattre ces affections dévastatrices, tant chez les animaux de compagnie que d’élevage. C’est dire si, en s’immisçant dans un marché d’ores et déjà considérable, Okapi Sciences a un rôle majeur à jouer dans la sphère où gravitent ces maladies qu’Eric Feller, attaché à l’Interface Entreprises-Université, n’hésite pas à qualifier de « commercialement très intéressantes ».
« Les membres de l’Interface ont travaillé conjointement avec leurs homologues de la KULeuven Research & Developpement pour valoriser la propriété intellectuelle dégagée des travaux menés par le Pr Alain Vanderplasschen et le Dr Bérénice Costes dans le laboratoire d’immunologie et vaccinologie en faculté de Médecine vétérinaire », fait remarquer Eric Feller, non sans une pointe de fierté. Et de poursuivre, en nimbant ses paroles d’un voile de mystère : « Cependant, pour des raisons commerciales évidentes, je ne peux strictement rien vous confier au sujet de l’application spécifique de ces découvertes. L’antiviral mis au point, qui touche à un herpèsvirus, aura en tout cas une importance certaine à l’échelle internationale. » Les résultats issus de cette nouvelle collaboration KUL-ULg seront exploités par la nouvelle spin-off, à laquelle participe directement l’université de Liège (via son fonds de capital à risque, Spinventure, fruit de la collaboration entre Gesval et le groupe Meusinvest). Elle espère voir la jeune entreprise dégager une plus-value à moyen terme.

Toutefois, l’implication de l’ULg ne se bornera pas à cette prise de participation, puisque la phase clinique de son énigmatique traitement-phare se déroulera à Liège dans le laboratoire d’immunologie/vaccinologie du Pr Vanderplasschen. « Il paraissait naturel que les effets de l’antiviral soient testés chez nous, dès lors que notre laboratoire possède, à l’inverse de son pendant flamand, le know-how et l’infrastructure nécessaires à cette phase pilote », observe Eric Feller. Des locaux spécifiques seront consacrés au projet, lesquels répondront en même temps aux besoins annexes de la faculté de Médecine vétérinaire. « Le laboratoire d’Alain Vanderplasschen est déjà une référence internationale en matière d’herpèsvirus animaux ; son implication dans Okapi confirmera son savoir-faire dans le domaine appliqué », conclut Eric Feller. Quant au Pr Vanderplasschen, il observait pour la première fois la naissance d’une spin-off et se félicitait avant tout de « la richesse des contacts renforcés avec les collaborateurs néerlandophones ».
Patrick Camal
Photos: Catherine Eeckhout
Contacts : Interface ULg, tél. 04.349.85.28